Intervention de Yves Berger

Réunion du 18 décembre 2012 à 16h15
Commission des affaires économiques

Yves Berger, directeur général de l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, Interbev :

L'interprofession du bétail et des viandes regroupe producteurs et distributeurs, comme celle des fruits et légumes – pas les consommateurs, encore que nous prenons très souvent en compte leurs desiderata.

Ce rapport est une première et représente un travail considérable. Après une première mise à plat il y a quelques mois, ce document beaucoup plus complet permet à nos organisations d'avoir des échanges beaucoup plus fructueux et approfondis au regard de la complexité de la situation. J'ignore si nous profitons des autres, mais il est difficilement imaginable que perdure un système où, à tous les niveaux, les gens gagnent relativement mal leur vie.

Certes, la viande bovine a connu le plus fort pourcentage d'évolution entre le premier semestre 2010 et le premier semestre 2012. Néanmoins, d'après les communications récentes sur les comptes annuels de l'agriculture, le revenu des éleveurs bovins compte encore parmi les plus faibles, voire est le plus faible, ce qui n'est pas sans poser de questions, sachant que l'évolution du coût de la matière première agricole traduit celle du revenu des agriculteurs.

Je fais deux lectures de ce rapport.

La première consiste à tirer les enseignements au sein de la filière elle-même. Nous sommes interloqués par le niveau de la marge nette de la boucherie, à moins 1,90 euro. La méthode est bonne, mais comme toute moyenne, ce chiffre cache des disparités. D'ailleurs, comme l'écrivent les rédacteurs du rapport, « les marges nettes du rayon boucherie des enseignes sont très dispersées autour de leur moyenne, elles se trouvent en moyenne à plus ou moins 2,80 euros de la marge nette moyenne du rayon, de moins 1,90 euro ». En clair, parmi les sept enseignes, quelques-unes gagnent de l'argent dans la boucherie.

En réalité, les marges se tassent car nous n'arrivons pas à faire passer les hausses rendues nécessaires par la hausse de la matière première.

La deuxième lecture consiste à comparer notre filière aux autres. En fait, nous nous demandons pourquoi la production porcine et la production laitière, qui ne sont pas très éloignées, réussissent à tirer leur épingle du jeu un peu moins mal que les autres.

À notre propre initiative, nous avons lancé ce que nous appelons les « états généraux » des filières bovine et ovine, qui réunissent plusieurs groupes de travail. Le rapport de l'Observatoire a largement contribué à la prise de conscience de notre interprofession : nous ne pouvons pas continuer dans la direction actuelle. Il est en effet devenu très difficile de trouver des remplaçants pour les exploitations agricoles – les terres sont certes reprises, pas forcément le bétail –, mais aussi des salariés à tous les niveaux de la filière, y compris dans la distribution.

En conclusion, ce rapport nous est utile au quotidien, et nous attendons avec impatience la troisième version qui améliorera la connaissance de certains secteurs.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion