Bien entendu, monsieur Vitel, tout le monde, y compris le chef d'état-major des armées, reconnaît que les personnels civils ont leur place au ministère de la Défense – le pense-t-on pour autant ? C'est une autre histoire. Mais, au-delà des discours, nous attendons des actes, notamment dans le cadre du budget. Des efforts considérables sont nécessaires. À ce propos, j'appelle votre attention sur un point. Il y a deux jours, nous avons été informés par des personnes situées à des échelons assez élevés du ministère que, lors de la dernière réunion du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM), les civils en avaient pris pour leur grade, si je puis dire. Les discussions au sein de ce conseil sont très difficiles, au point que le cabinet du ministre considère parfois qu'il est plus facile d'avoir affaire au CTM (comité technique ministériel) qu'au CSFM peut-être faudrait-il que nous menacions, nous aussi, de quitter la salle pour être entendus…
Il est vrai que les syndicats tiennent parfois des discours forts, notamment contre certains généraux. Mais nous veillons à ne pas creuser un fossé entre la composante militaire et la composante civile. C'est pourquoi il est déplorable de voir le Conseil supérieur de la fonction militaire taper à bras raccourcis sur les personnels civils au motif qu'il n'y en aurait que pour ces derniers au sein du ministère. Il est sans doute vrai que de nombreuses catégories de personnels militaires souffrent, mais il suffit de regarder le budget de la défense pour s'apercevoir que les personnels civils ne sont pas privilégiés. Nous avons donc tous un effort à faire : et vous et nous et les hauts responsables militaires, car je ne peux pas croire que certains membres du CSFM sont pilotés – encore que…
Mme Gosselin-Fleury nous a interrogés sur une éventuelle évolution des GSBdD. De fait, ces derniers subissent la plus importante déflation d'effectifs au sein du ministère, et une réflexion est en cours sur la question de savoir s'ils doivent continuer à remplir la fonction de gestion des ressources humaines. Mais nous n'avons pas connaissance d'une étude du service du commissariat aux armées sur une modification de leur périmètre ou, tout au moins, sur leur modification en profondeur. Au demeurant, le SCA a une politique de dialogue social développée. Tout n'est donc pas noir ; certains responsables militaires savent parler aux organisations syndicales.
Nous n'avons pas non plus connaissance d'une analyse de la répartition des postes opérationnels et non opérationnels. Mais Force Ouvrière ne demande pas à être associé à ce type de réflexion : nous ne sommes pas là pour expliquer aux chefs d'état-major ce qui est opérationnel et ce qui ne l'est pas. Nous, nous avons travaillé pendant plusieurs mois sur le référentiel en organisation : tant que l'on n'aura pas réglé ce problème d'organisation, on ne parviendra pas à résoudre la question de la répartition militaires-civils. Nous avons rencontré le directeur de cabinet du ministre à ce sujet. Nous demandons simplement qu'une réflexion soit menée sur la constitution de certains services : pourquoi certains d'entre eux ne comptent aucun personnel civil ? Pourquoi, dans les référentiels en organisation, s'attache-t-on systématiquement à détruire des postes de personnels civils pour y positionner du personnel militaire ? Nous espérons que le rapport du contrôleur général, qui doit être rendu à la fin de l'année, permettra d'avancer sur ce point. Nous restons raisonnablement optimistes.
Enfin, le regroupement des services centraux à Balard est censé améliorer la condition des personnels civils, mais tous ne sont pas dans la même situation. Il est certain que les agents qui travaillaient à l'état-major de la marine sont plutôt satisfaits, compte tenu des conditions de travail déplorables qui étaient les leurs rue Royale. Néanmoins, d'énormes difficultés se posent, et une réflexion très approfondie devrait être menée sur l'externalisation à outrance de nos moyens de soutien. Balard – je ne reviens pas sur le coût de l'opération, que vous connaissez tous – a été entièrement externalisé et filialisé par Bouygues au sein d'une société nommée Opale, par laquelle doivent passer l'ensemble des dispositions de soutien. Il en coûte ainsi 600 euros pour rectifier la pose d'une porte, 150 euros pour ajouter une prise électrique ou 5 000 euros pour installer une télévision dans le bureau du chef d'état-major de l'armée de l'air – j'en passe et des meilleures. Quant au système informatique, il ne fonctionne pas. Heureusement que la Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information (DIRISI) est là pour régler les problèmes que l'entreprise n'est pas capable de résoudre ! Sachez qu'il y a deux mois de cela, elle installait à peine 60 postes informatiques par jour alors qu'elle devait, aux termes du contrat, en installer 250… Ainsi, bien que le chantier soit entièrement externalisé, 1 000 agents de la DIRISI travaillaient, il y a encore un mois et demi, à temps complet sur les installations téléphoniques et informatiques de Balard ! Cela dit, en dépit de ces difficultés, les agents sont plutôt satisfaits, parce que les locaux sont neufs. Comment vont-ils vieillir ? Chacun sait que, dans trente ans, lorsque le bâtiment sera rétrocédé au ministère de la Défense, tout sera à refaire.