Il est vrai, monsieur Boisserie, que nous avons utilisé des mots forts, et ce n'est pas notre habitude. Mais nous voulons vous alerter sur la situation actuelle, car le désarroi est général, tant l'écart est grand entre les discours et la réalité. Les quelques mesures courageuses de modernisation qui sont prises doivent être suivies d'effets. Or, nous avons le sentiment qu'elles sont dévoyées, voire qu'elles font l'objet de manoeuvres anti-civils. M. Goulm a évoqué la dernière réunion du CFSM. Il ressort du compte rendu qui en a été fait qu'on y a parlé d'une « civilianisation rampante ». De tels propos sont choquants. On nous demande d'aimer les militaires ; je souhaiterais que les militaires aiment aussi un peu les personnels civils de leur ministère.
En ce qui concerne le SCA, nous sommes au courant de la « manip' », sans être associés à l'analyse de la répartition des postes opérationnels et non opérationnels. Il s'agit selon nous d'une manoeuvre assez nébuleuse, mais nous serons reçus dans un cadre bilatéral, comme les autres représentants syndicaux, et nous évoquerons la question lors des CTR.
Par ailleurs, je maintiens que la RGPP a été réalisée de manière dogmatique : elle obéissait à une vision purement comptable. Aucune analyse qualitative n'a été faite, et nous en mesurons aujourd'hui les effets. On a taillé dans les coûts à l'aveugle, l'essentiel étant de dégager des marges de manoeuvre. Du reste, ce n'est pas un hasard si la RGPP a été assez rapidement remplacée par la MAP.
J'ajoute que, comme cela a été dit par tous, on ne peut pas se permettre de perdre des compétences techniques critiques, qu'il s'agisse du MCO aéronautique, du SMITer – qui va sans doute se réorganiser rapidement, et pas forcément à notre avantage – ou de la DGA.
S'agissant du site Balard, on connaît les effets pervers des partenariats public-privé – qui ont du reste été rapidement abandonnés dans les pays qui les avaient adoptés – ainsi que le coût final de l'opération et les dérives liées à l'obligation de recourir à une entreprise pour les diverses prestations. Heureusement, les services internes du ministère de la Défense pallient les difficultés et permettent au ministère de fonctionner. Par ailleurs, on peut s'étonner que, contrairement à ce qui avait été annoncé, l'ensemble des directions centrales n'aient pas été transférées au « Balardgone » ; certains villages gaulois – je ne parle pas de l'Hôtel de Brienne, qui remplit une mission très particulière – font de la résistance ; c'est dommage. Par ailleurs, la RATP, que nous avions interrogée, nous avait assuré que la desserte du site serait suffisante ; or, manifestement, cela ne fonctionne pas bien. J'ajoute que l'on s'aperçoit, notamment à propos des horaires de travail, qu'il n'est pas si facile de faire fonctionner une telle « usine » de la meilleure des façons et avec l'accord de tous.