Intervention de Alexander Law

Réunion du 18 décembre 2012 à 16h15
Commission des affaires économiques

Alexander Law, directeur « économie » de l'Association nationale des industries alimentaires, ANIA :

Avec un chiffre d'affaires de 157 milliards d'euros en 2011, l'industrie agroalimentaire française est la première industrie du pays. En revanche, personne ne « s'en met plein les poches ».

En effet, comme le montre le rapport, elle est confrontée à une volatilité exceptionnelle des cours des matières premières et ne parvient pas à répercuter les hausses sur ses marges. Les marges sont faibles tout au long de la filière, que ce soit en amont de la filière agricole, au stade de la distribution ou au niveau des industriels.

En outre, l'industrie agroalimentaire paie un lourd tribut à la guerre des prix que se livrent les distributeurs. Dans un système perdant-perdant, la valeur ajoutée est détruite en aval de la filière. Le pouvoir d'achat et la consommation alimentaire des Français baisseront encore cette année, et la croissance du produit intérieur brute est en berne depuis un an. Il est certain que la situation serait différente dans un contexte de forte croissance et de consommation élevée.

Ces difficultés s'expliquent par le fait que l'industrie alimentaire est dans une position d'oligopsone : elle compte 10 000 entreprises, dont 97 % sont des petites et moyennes entreprises (PME), 75 % des très petites entreprises (TPE), contre 7 grandes centrales d'achat, celles-là même qui sont analysées dans le rapport de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires.

Il en ressort que notre industrie subie une dégradation très importante de sa rentabilité. Depuis fin 2008, la marge brute des industriels du secteur a chuté de 14 points et, aujourd'hui, notre tissu industriel est en péril. Selon nos estimations, il perdra cette année 5 000 emplois sur 500 000, et risque d'en perdre 5 000 supplémentaires si rien n'est fait pour inverser la tendance.

J'entends bien l'argument du secteur de la distribution sur la nécessité de serrer les prix afin de préserver le pouvoir d'achat des Français. Mais avant d'être des consommateurs, les Français sont des producteurs. L'industrie alimentaire est la seule à avoir résisté à la vague de délocalisations qui a laminé l'industrie française. Il faut protéger les emplois pérennes localisés sur l'ensemble du territoire français.

Selon moi, il convient de substituer au paradigme everyday, low prices, le paradigme everyday, more value. Ce dernier renvoie à la valeur telle qu'elle doit être créée à tous les maillons de la chaîne et au rapport qualitéprix. Il est important que tous les maillons de la filière coopèrent et que le consommateur soit remis au centre du débat, car c'est lui qui choisit in fine. Un travail commun sur la création de valeur est indispensable face à la destruction de valeur provoquée par la baisse des prix.

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