Intervention de Olivier Andrault

Réunion du 18 décembre 2012 à 16h15
Commission des affaires économiques

Olivier Andrault, chargé de mission « alimentation » à l'Union fédérale des consommateurs « UFC-Que Choisir » :

L'alimentation représente en moyenne 13 % du budget des ménages – 17 % pour les ménages les plus modestes. Cette dépense est incompressible, sauf à consommer des aliments moins chers souvent moins intéressants du point de vue nutritionnel.

En 2007-2008, l'augmentation phénoménale des prix des matières premières agricoles s'est répercutée sur les prix en rayons, l'inflation ayant atteint 7 % en un an pour les produits alimentaires, soit près de quatre fois et demie l'inflation des années précédentes. À l'époque, l'UFC-Que Choisir ne s'est pas exprimée faute de disposer d'informations sur la construction des prix alimentaires.

Néanmoins, à la suite de l'effondrement des prix agricoles en 2009, les prix alimentaires ont peu ou pas baissé. Autrement dit, certains opérateurs – les fabricants, la distribution, ou les deux – ont augmenté leurs marges brutes selon les types de produits. À titre d'exemple, pour le poulet, la marge brute de la grande distribution est passée en dix ans de 1,80 euro le kilo à 2,60 euros. Pour le lait de consommation, alors que le prix agricole baissait entre 2005 et 2008, aucune baisse n'a été répercutée au consommateur, non plus qu'en 2009, année où le prix payé aux éleveurs laitiers s'effondrait de manière dramatique – c'est seulement en 2010 qu'une baisse représentant la moitié de la baisse du prix est intervenue.

À l'instar de l'ensemble des acteurs agricoles, l'UFC-Que Choisir a demandé que l'Observatoire des prix se saisisse de ce problème. Ce dernier a fourni un travail de qualité, et je me réjouis de la publication de son deuxième rapport.

Certes, les marges brutes n'ont pas augmenté sur la période prise en compte dans ce rapport. Effectivement, il est difficile pour les opérateurs de répercuter la très forte augmentation des prix agricoles sur les prix, connaissant l'impact de la première hausse des prix alimentaires en 2007-2008 sur la consommation des ménages, laquelle a chuté. Au final, tout le monde serre les boulons. Néanmoins, les marges qui se sont constituées chez certains opérateurs pendant la période de baisse des prix agricoles, en 2009 et 2010, autorisent ces derniers à desserrer les boulons. En tout état de cause, il est très important d'appréhender l'évolution des prix alimentaires au regard de l'évolution des prix agricoles, notamment à la baisse.

Ce deuxième rapport révèle que les niveaux de marge de la grande distribution sont très différents entre les marques nationales et les marques de distributeur (MDD). Pour les yaourts, par exemple, la marge brute est de 20 % pour les marques nationales, mais elle a été pendant longtemps de 40 % pour les MDD – la grande distribution a récemment diminué leur niveau de marge brute moyen. Pour d'autres produits, la marge brute est relativement élevée : de 42 % pour le jambon et le poulet – ce dernier et le porc étant les viandes les moins chères. Ainsi, au-delà des marges réalisées au niveau d'un rayon, il est intéressant de connaître les marges des produits de base.

S'agissant des marges nettes, nous ne pouvons pas porter d'appréciation, puisque c'est la première fois que nous disposons de chiffres en la matière.

En conclusion, l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires est un très bel outil. Toutefois, ses études gagneraient à être assorties d'enquêtes de la DGCCRF pour affiner le niveau des marges au-delà des moyennes, notamment pour ce qui concerne les marques nationales et les marques de distributeur.

La demande de l'UFC-Que Choisir n'est pas que le coût soit le moins cher possible, mais que le prix en rayon reflète fidèlement les variations des prix agricoles, afin de permettre au consommateur de se reporter vers les produits en baisse, et à l'ensemble de la chaîne de bénéficier de ces baisses de prix, notamment les acteurs agricoles.

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