Intervention de Philippe Plisson

Réunion du 28 octobre 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Plisson, rapporteur :

En Hollande, nous avons rencontré toutes les parties prenantes avec lesquelles nous avons eu un dialogue constant. Le représentant de la LPO néerlandaise nous a dit qu'il ne savait pas pourquoi il était là et que de toute façon il ne serait pas d'accord avec nous. Cela dit, nous avons discuté ensemble pendant une heure. Nous lui avons demandé comment il soutenait ces destructions massives qui se font dans des conditions plutôt difficiles – c'est le dioxyde de carbone qui permet de gazer les oies cendrées. Nous avons vu un film qui montre des petits oiseaux parqués dans les cercles où ils sont nés, derrière des grillages avec l'impossibilité de les franchir pour ne pas aller dans les cultures. Bref, ils crèvent de faim derrière les grillages. On est loin du bien-être animal. Comme l'a dit Mme Laurence Abeille, la chasse c'est le plaisir de tuer alors que les Hollandais tuent par nécessité.

Je partage l'analyse de M. Jean-Marie Sermier quant aux oiseaux nuisibles. Je précise que les 12 millions d'euros qui servent à éradiquer les oies cendrées aux Pays-Bas ne sont pas des fonds européens mais néerlandais. En revanche, le FEADER paie pour la mise en culture puisque les provinces mettent en place des cultures spécifiques pour favoriser la présence des oies. Une solution pourrait être de lancer sur notre territoire les mêmes programmes d'accueil des oies.

Bertrand Pancher a parlé de l'évolution climatique que nous constatons tous et de la nécessité de réguler les espèces. Il se demande s'il faut des aires de gagnage en France pour accueillir les oies pour les tuer, ce qui lui semble un peu compliqué. En réalité, nous proposons simplement de partager la tâche à la fois d'accueil et de régulation des oies. Si la France prend sa part pour l'accueil des oies, elle prendra sa part pour leur régulation. Et tout le monde y trouvera son compte. On serait alors dans une démarche gagnant-gagnant.

Il propose la collaboration entre chasseurs et associations de défense de l'environnement qui existe déjà sur le terrain et qui pourrait peut-être être mise en oeuvre au niveau national. Des discussions ont déjà eu lieu en 2009, mais elles ont viré à l'aigre. Aujourd'hui, un certain nombre de protagonistes sont les mêmes et ils campent toujours sur leurs postures. Tous les efforts que j'ai effectués depuis plusieurs années pour rassembler les gens autour d'une même table se sont toujours soldés par un refus systématique de la LPO. Les autres sont d'accord. En disant cela, je ne porte pas de jugement de valeur. J'ai de bons rapports avec Allain Bougrain-Dubourg mais il ne veut rien savoir en la matière. Il est bloqué sur sa position qu'il ne discutera pas. J'espère qu'il évoluera parce que c'est nécessaire.

Mme Laurence Abeille a évoqué la manière dont les chasseurs appréhendent la problématique. On voit bien que notre collègue est urbaine parce que, pour les chasseurs, la chasse est un marqueur de leur comportement et de leur vie. Ce loisir qui date de la Révolution, comme l'a rappelé M. Jean-Pierre Dufau, est très ancré. Certains ont des compétences avérées sur la chasse qui leur permettent d'être reconnus dans un territoire et dans une société ; ils passent des jours et des nuits à travailler à leurs tonnes. Il ne faut donc pas prendre cette activité à la légère et la balayer d'un revers de main.

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