Mes chers collègues, nous accueillons cet après-midi Mme Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, afin d'évoquer les suites de la Conférence nationale contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale.
Cette conférence nationale, qui s'est tenue au Conseil économique, social et environnemental les 10 et 11 décembre derniers, a été l'occasion d'annonces importantes faites par le Premier ministre, annonces qui devraient être formalisées dans un nouveau plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté lors de la prochaine réunion du comité interministériel de lutte contre l'exclusion.
Si l'on examine les rapports des groupes de travail qui ont servi de base à la discussion au cours de cette conférence nationale, on constate que les différentes propositions présentées sont au coeur des compétences de notre commission des affaires sociales, qu'il s'agisse de la politique de l'enfance, de l'accès à la santé et aux soins – nous avons auditionné sur ce thème M. Chadelat, il y a une quinzaine de jours –, de la formation professionnelle et de l'accès à l'emploi, de l'accès aux minima sociaux ou, plus globalement, de la gouvernance des politiques de solidarité.
Nombre de ces thèmes sont au centre des préoccupations des membres de cette commission. Nous serons donc très attentifs à ce que vous allez nous dire aujourd'hui, madame la ministre, et soyez convaincue que notre commission sera aux côtés du Gouvernement pour mener l'indispensable combat contre l'exclusion et la pauvreté.
Ce combat est indispensable parce qu'il est des chiffres qui sont inacceptables dans un pays comme la France et que la crise économique que nous traversons ne saurait tout excuser. Je n'en citerai que trois. En 2010, 8,6 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté – soit 14,1 % de la population ; ce nombre remonte depuis 2004 alors qu'il reculait, certes trop lentement, depuis les années 1980. En 2010, un enfant sur cinq – soit plus de 2,6 millions d'enfants – est en situation de pauvreté ; jamais un tel niveau n'avait été atteint depuis 1996. En 2010, on compte 3,6 millions de personnes mal logées et plus de 5 millions d'autres se trouvent en situation réelle de fragilité de logement.
Avant de céder la parole à Mme la ministre, je veux aller à l'encontre d'une idée reçue : l'Allemagne irait mieux que nous, nous dit-on. Or, après avoir étudié le système allemand, j'ai constaté qu'il avait généré près de 16 % de personnes supplémentaires vivant sous le seuil de pauvreté. Si nos chiffres ne sont pas bons, il faut cependant cesser de citer l'Allemagne en exemple !