Madame la ministre, vous êtes convaincue : nous, nous le sommes un peu moins. Nous avons eu le sentiment que vous passiez en revue un catalogue. Il est vrai que Noël approche… La lutte contre la pauvreté doit cependant dépasser tous les clivages.
Votre catalogue a deux défauts majeurs : il n'est pas financé et n'exige aucune contrepartie de la part des bénéficiaires. Vous proposez ainsi de revaloriser le RSA socle mais sans préciser le plan de financement. Or cela va coûter au minimum un milliard d'euros. Les conseils généraux sont déjà exsangues, madame la ministre. Vous allez finir par les mettre à genoux.
Sur la CMUc, on ne peut que saluer la mesure envisagée mais, là encore, le plan de financement, est très flou. Vous avez critiqué l'ancienne majorité : nous avons fait cependant de très gros efforts pour augmenter l'aide à la complémentaire santé, qui a ainsi progressé chaque année de façon relativement importante. Le président Chadelat considère lui aussi qu'il faudrait une vaste réforme de la CMUc. Il faudrait en particulier procéder à une évaluation s'agissant des bénéficiaires, des droits et des devoirs. On ne peut en effet écarter d'un revers de la main le problème de la fraude. Il est indispensable de lutter contre celle-ci si l'on veut que la CMUc profite à ceux qui peuvent vraiment y prétendre.
Sur le logement, on peut s'interroger sur la cohérence du Gouvernement alors que Mme Duflot avait déjà annoncé un plan d'urgence en octobre. Les annonces de la conférence seront-elles financées en plus ? En tout état de cause, il y a loin du rêve à la réalité. Dans la ville dont je suis maire, les logements sociaux sont nombreux – nous dépassons les 45 % – et il existe déjà des établissements d'hébergement d'urgence pour accueillir les personnes en difficulté. Nous avons assumé seuls la responsabilité du financement car personne n'aide les communes. Or de telles dépenses dépassent le budget des collectivités et risquent de les entraîner sur des pentes dangereuses. Dans le cadre des intercommunalités, ce sont les villes- centres qui subissent alors que les communes à l'extérieur n'ont aucune difficulté financière. Comment allez-vous financer les sites d'hébergement d'urgence dans les villes ?
En conclusion, ces mesures, non financées, viennent s'ajouter à une politique de compétitivité, elle-même non financée. Je ne reviendrai pas ici sur les quelques milliards que coûteront les emplois d'avenir et les contrats de génération. Votre principal problème, madame la ministre, c'est de trouver des moyens. À cet égard, était-il nécessaire d'augmenter le SMIC s'il s'agissait d'accorder trois euros de plus par mois ? Ce n'est pas en débloquant quelques milliards de je ne sais où qu'on règlera le problème de la pauvreté. Ne faudrait-il pas plutôt réformer le financement de notre système social, qui représente 32 % du PIB ? Ce financement ne repose aujourd'hui que sur le travail. Il faut prendre de vraies mesures de compétitivité pour faire repartir l'emploi car lui seul crée de la richesse et permettra de résoudre les difficultés auxquelles est confronté notre pays.