Madame la ministre, à vous entendre, il y aurait d'un côté les gentils, à savoir l'actuelle majorité, et de l'autre, les méchants, à savoir l'ancienne majorité. À vous entendre, rien n'aurait été fait au cours du dernier quinquennat. Je rappellerai que le RSA a été créé par l'ancienne majorité, qu'elle a augmenté de 25 % l'allocation adulte handicapée et de 25 % le minimum vieillesse. Nous n'avons donc pas à rougir de notre bilan social. Certains aujourd'hui nous reprochent d'ailleurs d'avoir trop dépensé…
J'aurais souhaité qu'en exposant chaque mesure de votre catalogue, vous précisiez le financement prévu pour sa mise en oeuvre. Le RSA incombe aux conseils généraux. Or nous connaissons la situation financière de nos départements. Dans la Marne, par exemple, le budget de la commission solidarité est imposé à 95 % par la loi – c'est le financement du RSA, de l'aide personnalisée d'autonomie (APA)…Le conseil général de l'Aisne, présidé par le sénateur socialiste Daudigny, a été obligé de diminuer les subventions à des associations comme les Restos du coeur ou la Banque alimentaire.
Vous avez évoqué un contrat contraignant qui viserait 100 000 jeunes. Celui-ci s'ajouterait donc aux emplois d'avenir qui ciblaient précisément les jeunes en difficulté et sans formation. Il faudra en conséquence prévoir un financement supplémentaire.
Au-delà de ce catalogue de Noël, c'est tout le financement de la protection sociale qu'il faut revoir. Droite et gauche confondues, nous avons toujours cherché à maintenir notre niveau de prestations sociales sans nous préoccuper véritablement de son financement, qui ne repose que sur le travail. Aujourd'hui, nous sommes au pied du mur : les choses ne peuvent rester en l'état. Il faut favoriser la compétitivité de nos entreprises, le pouvoir d'achat des salariés. Or les mesures proposées par le Gouvernement ne vont pas dans ce sens. Pensez-vous pouvoir intégrer l'ensemble des propositions dans cette réflexion sur le financement de la protection sociale. À vouloir garder, depuis trente ans, un système qui ne bénéficie d'ailleurs pas forcément à ceux qui en ont le plus besoin, nous avons créé des millions de chômeurs.