Intervention de Philippe Keryer

Réunion du 19 décembre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Philippe Keryer, vice-président exécutif d'Alcatel-Lucent :

Tout n'est pas noir dans notre entreprise. On peut néanmoins considérer a posteriori que 2011 a été une embellie car 2012 aura été une année très difficile : on a ainsi été capable de passer d'une situation de strict redressement à une phase plus délicate aujourd'hui. Si l'on regarde les perspectives économiques dans les mois à venir, un ralentissement a priori conjoncturel se fait jour en Chine, celui-ci étant plus difficile à évaluer en Europe . Il nous faut donc prendre des décisions dans ce contexte très compliqué. Le groupe Alcatel-Lucent disposait d'environ 5 Mds€ de liquidités en juin 2012. Or, nous sommes soumis à une pression constante de la part de nos investisseurs qui examinent avec attention le montant de ces liquidités par rapport à la consommation de cash et aux déficits que nous avons accumulés ces dernières années. Il ne faut en effet pas oublier que nous devons rembourser environ 2,2 Mds€ d'ici au 1er janvier 2015. C'est la raison pour laquelle nous avons examiné l'avenir de notre groupe dans ce contexte global afin de nous adapter au marché dans lequel on évolue. Sur les activités de vente, d'avant-vente et de structure, on opère différemment selon les parties du monde considérées. Nous avons donc adopté un plan global de baisse des coûts (appelé dans notre jargon « Plan performance ») qui va notamment se traduire par une réduction de nos effectifs, principalement chez les commerciaux et les administratifs.

Je souhaiterais à ce stade insister sur deux grands atouts au sein de notre groupe : nous avons une relation très forte avec nos clients, notamment les plus grands, et nous faisons beaucoup en faveur de l'innovation – ce n'est pas pour rien que nous comptons 7 prix Nobel dans l'entreprise et que nous déposons autant de brevets. Il est d'ailleurs très important de relever que nos ratios de R & D sont préservés en dépit de la conjoncture à laquelle nous devons faire face.

Je souhaiterais également faire un point sur notre activité en France. Tout d'abord, sachez que le ratio de R & D y est plus fort que dans le reste du monde. La France a été peu touchée par les efforts consentis dans le reste du monde ; on a, bien au contraire, fait des efforts en 2012, notamment pour répondre aux demandes de nos clients américains.

Les effectifs en France ont certes baissé de 6 % depuis 2008 mais la baisse a été moins importante que dans le reste du groupe, qui a connu une diminution de 8% du total de ses effectifs sur la même période. Il faut tout de même rappeler qu'il y a eu une érosion de l'activité en Europe, qui a nécessité un plan de suppression d'emplois plus important en France que dans le reste du monde. Dans le cadre d'une gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences, nous avons constamment privilégié le dialogue social pour favoriser les départs en retraite anticipée et éviter ainsi les licenciements purs et simples. Nous souhaitons maintenir le niveau de R & D à son niveau actuel en France, d'autant que nous bénéficions d'un environnement particulièrement favorable, qu'il s'agisse du crédit d'impôt recherche ou des pôles de compétitivité. Nous avons d'ailleurs pris la décision de regrouper à Villarceaux la totalité de nos activités de R & D situées actuellement à Paris–Sud. Ce pôle comprendra ainsi près de 3 000 personnes, ce qui en fera le deuxième pôle mondial en R & D pour le groupe ; l'efficacité en sera d'autant plus forte.

Enfin, nous devons travailler sur notre bilan et trouver des bouffées d'oxygène en matière de refinancement. Nous avons voulu nous donner des marges de manoeuvre suffisantes en matière financière. Après avoir examiné en détail les différentes solutions envisageables, le conseil d'administration de notre groupe a donné son accord au plan négocié avec le Crédit Suisse et Goldman Sachs, qui apparaissait comme la meilleure option. Dans un marché en pleine mutation et confronté à de nombreuses incertitudes, il est fondamental que nous puissions apporter des certitudes et des éléments de pérennité à nos clients, de nature à faciliter les engagements de moyen et de long terme. Par ailleurs, on doit désendetter le groupe et appliquer le Plan que nous avons précédemment défini. Si les activités du groupe sont garanties – nanties par des actifs –, nous ne souhaitons pas pour autant céder les nantissements - notamment les brevets - car ils constituent l'avenir du groupe. Je veux vous rassurer sur ce point.

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