Je suis catastrophée par ce que j'entends.
Nous souhaitons accompagner les 26 000 buralistes et préparer l'inéluctable sortie du tabac. J'ai d'ailleurs proposé une modification de la fiscalité en leur faveur visant à déconnecter les bénéfices du volume des ventes.
Notre attitude d'aujourd'hui ne nous fait pas honneur. Depuis soixante ans, nous faisons de la prévention. À une seule reprise, nous avons réussi à réduire la consommation de tabac – de 30 %. Mesdames et messieurs de l'opposition, vous devriez vous en enorgueillir car ce fut grâce au plan Cancer aux termes duquel le prix du tabac avait augmenté de 40 %, plan décidé par Jacques Chirac. Lui n'avait alors pas attendu l'Europe.
Je ne crois pas aux vertus du suivisme. Les pays européens ont besoin que la France soit le leader de la lutte contre le tabagisme. Le paquet neutre en est une étape importante, d'autant plus efficace s'il est couplé à une hausse du prix, j'en conviens. Il n'y a pas de raison valable pour retarder encore la mise en place de cette mesure. Depuis des années, nous nous contentons de ne rien faire alors que les chiffres de la mortalité due au tabac continuent d'augmenter : 73 000 morts sous la précédente législature, 79 000 aujourd'hui. Pouvons-nous continuer à l'accepter ?
Le paquet neutre est susceptible de dissuader les plus jeunes d'entrer dans le tabagisme en faisant disparaître l'attrait qui s'exerce sur eux et les pousse vers l'addiction. Vous savez que dès la centième cigarette, l'addiction est installée.
Faites attention à ce que vous dites. Un jour, l'État sera mis en cause. On reprochera aux politiques d'avoir su et d'avoir jugé urgent d'attendre. Je cite encore M. Chirac : « La maison brûle et nous regardons ailleurs. »
Aujourd'hui, nous regardons ailleurs, nous ne voyons pas le rapport de l'OCDE qui fait de notre pays la lanterne rouge en matière de tabagisme. Avec la lutte contre l'alcool, ce sont les deux points noirs de la politique de santé publique française. J'ai honte pour notre pays.
Dernier point très important, ne donnons jamais l'impression que nous cédons à des pressions, quelles qu'elles soient. Renier aujourd'hui notre parole, alors que nous avons voté le paquet neutre il y a quelques semaines, serait inacceptable.