Le titre de la proposition de loi me dérange un peu. Cette expression d'« économie bleue » peut laisser entendre que la mer n'est qu'un espace économique à exploiter. Or la mer, ce n'est pas que cela, et il est illusoire d'en attendre une exploitation durable si nous ne concevons les espaces marins qu'ainsi. J'ai d'ailleurs déposé un amendement sur le titre.
Les océans et les espèces de poissons sont menacés, la biodiversité est mise à mal. En tant que commission du développement durable, nous devons avoir à coeur d'attacher un caractère durable aux activités maritimes. À cet égard, nos amendements concerneront principalement l'aquaculture et l'extraction minière en mer.
L'aquaculture peut être une réponse à l'effondrement des stocks de poissons, mais elle doit être intelligente. Nous avons l'expérience, en France, d'une aquaculture de coquillages conduite dans le respect de l'environnement ; l'aquaculture de poissons doit suivre la même voie.
Deux éléments importants fondent une aquaculture durable. L'un est qu'elle doit se développer prioritairement en milieu fermé, afin de contrôler les effluents et d'éviter la pollution du milieu marin. Les exemples d'aquaculture polluante ne manquent pas à travers le monde. La France est encore préservée de cette industrialisation de l'aquaculture et doit le rester. L'autre élément est qu'elle doit privilégier l'élevage d'espèces herbivores. Il est illusoire de penser répondre à la surpêche en élevant des poissons carnivores nourris avec des poissons sauvages, avec un rendement ridicule de l'ordre d'un kilo de poisson produit pour trois à dix kilos de poissons pêchés. L'impact écologique de ce type d'aquaculture est immense et contribue à vider nos océans.
Nous avons également déposé des amendements sur l'extraction minière en mer, qui doit se faire dans le respect de l'environnement. Cela implique de ne pas exploiter dans des espaces protégés, comme les zones Natura 2000, ni d'autoriser les extractions susceptibles d'avoir un impact sur les zones protégées. Une telle autorisation a pourtant été accordée récemment concernant l'extraction de sable coquillier en baie de Lannion.
Enfin, nous proposerons des amendements pour améliorer la condition des cétacés, particulièrement des dauphins et des orques, dans les trois delphinariums qui restent en France, et dont je souhaite qu'on puisse les interdire. D'autres viseront à supprimer le chalutage en eaux profondes, une pratique de pêche extrêmement nuisible qui détruit les fonds marins, nuit à la biodiversité marine et n'a pas d'intérêt économique.