Intervention de Dr Julien Emmanuelli

Réunion du 19 décembre 2012 à 14h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Dr Julien Emmanuelli, membre de l'Inspection générale des affaires sociales :

Pour pouvoir le dire avec certitude, il faudrait pouvoir s'appuyer sur des études épidémiologiques. Il en existe dans les pays voisins – ces dix dernières années, une dizaine d'études sur les personnes qui se prostituent ont été conduites en Espagne, en Italie, en Grande-Bretagne, sachant que des études sont aussi conduites sur les clients. Mais, comme cela a déjà été dit, nous ne disposons de rien de tout cela en France.

Certaines des personnes qui se prostituent sont plus exposées aux risques sanitaires que d'autres. Dans la rue, les vulnérabilités se cumulent, pour elles comme pour toutes les populations exclues. De même, les addictions constituent un facteur de aggravant. Des études menées à l'étranger montrent que l'état de santé des personnes qui se prostituent dans la rue est plus dégradé que celui des personnes qui se prostituent indoor. Cela ne signifie pas que cette dernière forme de prostitution est sans danger. Elle expose même sans doute davantage aux violences et les personnes qui s'y livrent sont moins soucieuses de leur santé, acceptant notamment davantage des rapports non protégés. D'autres études montrent que les troubles psychiques sont fréquents chez les personnes qui se prostituent dans la rue ; ils le seraient moins chez celles qui se prostituent dans un environnement privé. D'un autre côté, certaines des personnes qui se prostituent ne présenteraient aucun problème de santé particulier. Les situations sont donc très diverses. L'état de santé est largement lié aux conditions de l'exercice de la prostitution.

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