Ce n'est pas la première fois que nous vous recevons, monsieur Gagey, mais votre audition revêt aujourd'hui un caractère tout particulier eu égard aux événements que la compagnie Air France vient de connaître. Je ne reviens pas sur les incidents qu'ont vécus certains de vos cadres ; je les condamne. Je ne veux pas non plus m'immiscer dans les négociations : ce n'est pas le rôle du Parlement.
On note un léger mieux dans la situation de la compagnie, mais elle avait pris beaucoup de retard, et je ne peux que vous encourager à poursuivre vos efforts. Je note que les bons résultats du trimestre sont dus au plan Transform et aux efforts de restructuration accomplis par la compagnie et ses salariés, aidés toutefois par la baisse de la facture des carburants et le résultat positif de l'été dernier. Le résultat d'exploitation arrêté au 31 octobre est de 666 millions d'euros, en hausse de 304 millions par rapport à 2014. C'est une amélioration continue depuis 2011. Cependant, par comparaison, l'EBITDA, ou bénéfice, d'Aéroports de Paris (ADP), votre principal fournisseur, s'élève à 1,1 milliard, soit la moitié de votre résultat d'exploitation.
Vous estimez que l'endettement, de 6,5 milliards en 2011, devrait passer à 4,5 milliards à la fin de l'année. Les coûts unitaires ont quant à eux baissé de 8 %. J'approuve donc les plans qui ont été décidés et mis en oeuvre. Toutefois, la compagnie se trouve dans un état fragile, et je regrette que le Gouvernement n'ait pas, ces dernières années, pris des mesures plus en amont.
Des études ont pourtant été réalisées. Notre collègue Bruno Le Roux est l'auteur d'un rapport, rendu public en novembre 2014, dont la troisième partie, intitulée « Agir tant qu'il est encore temps », propose des solutions afin d'améliorer la compétitivité du transport aérien français. Pourquoi ce rapport n'a-t-il pas été suivi d'effets ? Pourquoi les mesures proposées n'ont-elles pas été étudiées ? C'est malheureusement son manque de compétitivité qui limite la croissance d'Air France.
La taxe de solidarité, que l'on nomme communément taxe Chirac, n'a de solidaire que le nom car elle pénalise Air France-KLM à hauteur de 70 millions d'euros par an. Il serait bon de réfléchir au moyen de rendre cette taxe véritablement solidaire, de façon qu'elle n'impacte plus notre seule compagnie nationale.
La France entière a été témoin des événements qui ont lieu à Air France et que je regrette. Nous aurions pu imaginer que les négociations sociales au sein de ce fleuron de l'économie française se déroulent dans le calme et la dignité ; ce ne fut pas le cas. Avec mes collègues du groupe Les Républicains, nous demandons que les sanctions qui seront prises soient marquées par la rigueur et la justice.