Je vous prie de m'excuser, mesdames et messieurs les députés. Je suis Philippe Evain, président du Syndicat National des Pilotes de Lignes (SNPL) et commandant de bord à Air France. Je vous assure que j'ai beaucoup de plaisir à voler avec mes collègues féminins qui sont de plus en plus nombreux dans les postes de pilotage.
En premier lieu, je souhaite vous remercier car cette délégation de salariés d'Air France est très contente de pouvoir s'exprimer devant la représentation nationale pour tenter d'expliquer pourquoi nous en sommes arrivés là. Nous serons toujours à la disposition de la représentation nationale, des députés qui le souhaitent ou du Gouvernement pour essayer de faire avancer les choses.
Comme l'a rappelé le président Frédéric Gagey, le groupe Air France-KLM représente 26 milliards d'euros de retombées économiques et 350 000 emplois directs et indirects dont 44 % sont situés en Île-de-France, ce qui en fait le premier employeur de la région parisienne.
Alors que des communications ministérielles et des rapports parlementaires ont mis en avant les problèmes spécifiques au transport aérien en France et l'urgence de prendre des mesures de sauvegarde du pavillon français, les salariés ne peuvent que constater l'inertie dont font preuve la direction, d'une part, et le Gouvernement, d'autre part, face aux défis auxquels la compagnie est confrontée.
Selon nous, Air France affronte trois grands problèmes : un dialogue social que je vais décrire, une stratégie illisible, un État actionnaire qui s'est montré passif au cours des dernières années.
Selon la direction d'Air France, le dialogue social existe et fait partie de l'histoire de la compagnie. Malheureusement, ce dialogue social fructueux n'est plus qu'un vestige du passé ; la communication interne et externe de l'entreprise est désormais basée sur la manipulation des salariés. Toutes les propositions sociales sont systématiquement présentées à la presse avant de l'être aux salariés et aux instances représentatives : le débat a donc lieu hors de ces instances dont le rôle est nié et qui ne trouvent finalement aucun espace de négociation.
Notre employeur ne respecte pas les instances qui représentent le personnel. La direction des ressources humaines (DRH) tente régulièrement de contourner ces instances plutôt que de travailler en intelligence avec elles : utilisation de référendums ; recours à des groupes de travail où les syndicats sont absents ; très peu de réponses apportées aux questions du personnel ; blocage de l'accès à certains locaux par des vigiles ; peu de moyens mis à disposition du comité d'établissement (CE) et du comité central d'entreprise (CCE). Nous sommes finalement face à une stratégie du rouleau compresseur : l'encadrement prend une décision et l'applique quelles que soient les tentatives des syndicats pour imposer un débat ; les salariés ont l'impression de n'avoir aucune prise sur leur avenir.