Intervention de François Hamant

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

François Hamant, membre du bureau d'Alter :

Je représente le syndicat Alter, un syndicat de pilotes qui est notamment affilié à l'Union syndicale Solidaires. Je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui. Vous aurez noté que nous sommes dans une configuration particulière, peu classique – une intersyndicale très vaste regroupant toutes les catégories de salariés – qui témoigne de la gravité du moment que nous vivons.

Certaines images, que vous n'avez pas vues le 5 octobre, méritent pourtant toute votre attention, à défaut des autres : 2 500 salariés exaspérés ont manifesté entre le siège social d'Air France et les aérogares ; ils sont venus plus tard, le 22 octobre, devant votre assemblée ; ils reviendront tant qu'ils ne seront pas entendus. Nous venons vous voir ici de manière un peu offensive. Nous respectons la représentation nationale, mais nous mesurons également la dureté de certains commentaires émanant du plus haut sommet de l'État : il y a quelques jours, le ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, M. Emmanuel Macron s'est permis de dire qu'il fallait faire des efforts, niant ceux qui ont été enchaînés depuis des décennies et que mon collègue vient de rappeler. C'est nier l'apport du collectif de travail.

La compagnie Air France est un petit concentré de société française, et elle craque de tous les côtés sous l'effet d'un discours en vogue dans l'Union européenne. La représentation nationale a aussi une part de responsabilité dans les événements. J'en appelle à votre responsabilité, en faisant un parallèle qui peut vous toucher : le dialogue social actuellement promu à Air France est un peu l'équivalent de l'application de l'article 49-3 de la Constitution pour vous. Ce n'est pas mieux : les objectifs sont toujours imposés même si la direction doit trouver quelqu'un qui appose sa signature en bas des documents. Essayez d'y réfléchir car je crois qu'il y a une autre audition après la nôtre. J'ai l'air de distribuer les mauvais points mais je ne suis pas là pour faire croire que ça se passe en douceur.

La chance d'Air France, c'est son collectif de travail, son outil industriel. Regardez les résultats actuels. Mesdames et messieurs, où que vous vouliez vous rendre dans le monde, vous pouvez prendre une autre compagnie aérienne qu'Air France. Si nous sommes si nuls, comment expliquez-vous que nous ayons un taux de remplissage annuel de 88 % et l'une des recettes unitaire les plus fortes du secteur ? C'est absolument inconcevable.

J'effectue des vols moyen-courrier. Les gens nous donnent des témoignages de leur sympathie qui nous vont droit au coeur. Mais ne doutez pas de notre détermination à aller plus loin. Nous ne sommes pas de petits enfants venus quémander de l'assistance. Nous sommes capables de nous défendre ; nous le ferons ; nous nous battrons pour notre outil de travail ; nous ne laisserons pas détruire un peu plus notre sentiment de fierté et d'appartenance. Souvenez-vous d'Erika, cette magnifique hôtesse qui s'est exprimée en marge du CCE, face à des cadres de haut niveau incapables de lui répondre car déconnectés de la réalité qu'elle décrivait. Souvenez-vous de sa fierté émue. Voilà une belle image !

Je vous prends à témoin : ce collectif intersyndical est prêt à se battre. Comme mon collègue, je demande la levée préalable des sanctions disciplinaires que la direction maintient à ce jour. Deux pilotes sont concernés, et il y a des mises à pied. Je voudrais rendre ici hommage aux collègues du sol qui sont venus hier manifester leur soutien à l'un des deux pilotes qui va passer demain en commission disciplinaire. De la même manière, des pilotes et des hôtesses se rendent aux audiences disciplinaires qui visent nos collègues du sol. Il ne faut pas se tromper : quand on pousse les gens à l'exaspération, on obtient ce genre de résultat. N'oubliez pas les marches des 5 et 22 octobre. MM. Valls et Macron sont trop prompts à réagir et trop péremptoires dans leurs jugements.

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