Intervention de Isabelle Attard

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

Avant mon intervention, je signale que notre cher président Chanteguet a oublié de me passer la parole durant la précédente audition. C'est le genre d'erreur qui peut se produire mais, en l'occurrence, compte tenu de l'importance du sujet, elle est extrêmement dommageable. Je compte sur vous, madame la présidente Lemorton, pour que, en toute justice parlementaire, mes propos liminaires ne soient pas décomptés de mon temps de parole.

Mesdames et messieurs les représentants syndicaux des salariés d'Air France, bienvenue à l'Assemblée nationale.

Le 5 octobre dernier, votre grand patron Alexandre de Juniac, PDG d'Air France-KLM, a transmis à la presse un plan de suppression de 2 900 postes, qui n'avait pas encore été présenté au CCE. Cela constitue un délit d'entrave, prévu à l'article L.2328-1 du code du travail et puni d'un an de prison et de 3 750 euros d'amende. M. Alexandre de Juniac a ainsi causé une grande souffrance morale à des dizaines de milliers de salariés, légitimement inquiets pour leur avenir. Condamnez-vous ce délit, passible de prison, commis par votre patron ?

Le PDG, M. Frédéric Gagey, répète à qui veut l'entendre, encore ce matin, que le plus grand problème d'Air France, c'est le coût de ses salariés. En bonne gestionnaire, j'estime plus intéressant de savoir ce qu'ils rapportent. Les chiffres sont clairs : 898 millions d'euros en un trimestre. Mesdames et messieurs les représentants des salariés, vous pouvez être fiers de votre productivité ! Souvenons-nous du secteur textile français ou du secteur manufacturier. Dans la course à l'économie du moindre centime, ils ont disparu, définitivement battus par la Chine. L'histoire montre que dans la course au moins-disant social, on trouve toujours quelqu'un pour vendre moins cher, alors que viser la qualité rapporte. La direction d'Air France vous a-t-elle dit jusqu'où elle comptait réduire les coûts salariaux d'Air France ? Jusqu'à zéro ?

La direction d'Air France a osé proposer aux pilotes de travailler plus pour gagner autant. Cette proposition devrait faire bondir certains de mes collègues qui, en 2007, vantaient le « travailler plus pour gagner plus ». Lorsque je prends l'avion, je ne veux pas avoir en tête que les pilotes sont surmenés et que la sécurité du vol n'est pas assurée. Le droit du travail n'est pas conçu que pour défendre les salariés, il permet aussi aux entreprises d'avoir des personnels compétents et en bonne santé.

Selon vous, syndicats représentatifs, le modèle de société qui vous est présenté lors des réunions de CCE est-il le même que celui qu'avait promu M. Alexandre de Juniac en décembre 2014 à Royaumont, à savoir un monde où l'on travaille jusqu'à sa mort sans retraite, où les grévistes sont automatiquement mis en prison, et où même les enfants travaillent ? (Applaudissements des représentants de l'intersyndicale.)

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