Beaucoup de questions tournent autour de l'environnement concurrentiel. S'agissant des compagnies à bas coûts, en particulier de Ryanair, nous ne pouvons adopter certaines de leurs pratiques pour des raisons à la fois techniques et éthiques. Si Ryanair crée des filiales sur l'Île de Man, à Jersey et Guernesey ou au Luxembourg, vous pouvez imaginer à quelles fins. Nous ne souhaitons pas qu'Air France recoure à ce genre d'ingénierie financière pour résoudre certains problèmes de concurrence en privant la communauté nationale de recettes.
Lors de la grève des pilotes, en septembre 2014, nous avons eu connaissance que cette idée de jouer avec les différences de compétitivité à l'intérieur de l'Europe avait effleuré M. Alexandre de Juniac. À la faveur de ce conflit, nous avons eu connaissance qu'il avait monté une coquille au Portugal. Nous pensons que ce genre de développement n'est bénéfique pour personne. Nous ne pourrons donc jamais avoir la même compétitivité que ces compagnies, à moins d'entrer dans des logiques qui posent des problèmes éthiques et techniques. On dit pudiquement que ce sont des pratiques d'optimisation fiscale mais, pour ma part, j'ai un autre terme pour qualifier ce que fait Ryanair. Ces méthodes pèsent, y compris sur le financement de la flotte, et expliquent la différence de compétitivité de 25 % qu'Air France pourrait avoir avec les uns et les autres. Il faut regarder au-delà du chiffre et analyser comment est fabriquée cette différence de compétitivité. En ce qui concerne Ryanair, les choses sont claires : l'intersyndicale rejette ses pratiques de A à Z. Nous ne voulons pas casser le droit social ni profiter des logiques d'optimisation fiscales. Nous voulons continuer à être productifs pour nous – salariés et entreprise – et pour l'ensemble de la nation.
Quel est le rapport entre le nombre de personnels employés par Air France et le nombre d'avions dont dispose la compagnie ? La question peut paraître pertinente. En réalité, ce ratio est biaisé parce que toutes les compagnies n'ont pas les mêmes savoir-faire, notamment en termes de maintenance d'avion ou d'informatique. Comme un collègue l'a rappelé, Air France a longtemps été à la pointe dans le domaine informatique : nous sommes les développeurs d'Amadeus. À quoi peut servir ce genre de ratio ? A priori à justifier toujours davantage de suppressions d'emplois.