Intervention de François Hamant

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

François Hamant, membre du bureau d'Alter :

À entendre nombre de questions et de commentaires, que ce soit dans les médias ou dans cette salle, je redoute que le dialogue social ne soit considéré que comme une technique de communication. Or c'est le contenu de l'échange qui compte, pas la manière de parler.

Je regrette que M. Lionel Tardy soit parti parce que j'aurais aimé le lui redire : le collectif de travail et l'outil industriel d'Air France ne sont pas malades ; le taux de remplissage des vols atteint quasiment 90 % en moyenne annuelle et l'entreprise affiche l'une des plus fortes recettes unitaires du secteur. Où est ce canard malade que l'on voudrait achever à coup de licenciements boursiers et de dépeçage progressif ?

Philippe Evain vient de fort bien expliquer le problème qui se pose dans la compagnie comme ailleurs : la culture des dirigeants, peu importe qui les nomme. M. Gagey a été élevé à la finance, et il est arrivé chez Air France avec un DRH et une chargée de communication. Ce style de triumvirat, vous l'avez à la tête de tous les grands groupes industriels. Vous qui êtes parlementaires, vous savez que d'autres secteurs industriels souffrent de cela, de cette maladie qui fait craquer le pays. Nous en avons assez d'entendre dire partout que la France est nulle, qu'il faut en finir avec l'héritage du Conseil national de la Résistance. M. Alexandre de Juniac s'est aventuré à commenter cet héritage de façon extrêmement légère lors de cette fameuse réunion patronale de décembre 2014 à Royaumont. Il s'est mis à ergoter sur le travail des enfants en s'interrogeant : « C'est quoi l'âge d'un enfant, de nos jours ? » Et d'estimer que finalement la notion est floue. Comment peut-on dire cela aujourd'hui, au XXIe siècle ? C'est hallucinant ! Voilà ce que l'on a à la tête de nombreux grands groupes industriels.

Pour en revenir à Air France, j'affirme que c'est de cette maladie que nous souffrons. Nous allons mourir si nous nous laissons entraîner sur cette voie-là. Mais nous avons confiance et nous n'allons pas le laisser faire. Nous sommes venus vous le dire. L'avenir d'Air France ne passe pas par l'externalisation, le dépeçage en petits morceaux. Un projet ne pourra générer le dialogue que s'il permet de valoriser notre outil et notre savoir-faire qui ne se mesure pas qu'en ratios de personnels employés par avion. Les gens font confiance à cette entreprise.

Pourquoi la France attire-t-elle 85 millions de touristes chaque année ? Viennent-ils pour trouver du low cost ? Non, ils viennent pour la haute-couture, la bonne nourriture, le bon vin, les beaux châteaux, ce genre de choses qui nous rendent fiers d'être Français et que le capitalisme moderne, désinhibé et déshumanisé, s'efforce méticuleusement de casser, jour après jour, avec l'aide du Gouvernement et de l'Union européenne telle qu'elle est construite. Voilà le mal dont nous souffrons.

Face aux menaces qui pèsent sur 2 900 emplois, nos soucis de formation paraissent lointains. Stabilisons l'emploi avant de parler de formation. Pour résumer ma pensée je vous dirais ceci : halte au dépeçage de cette entreprise car elle est sa meilleure chance ! Faites-nous confiance et convainquez au plus haut niveau de l'État que c'est par nous que la solution passera.

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