Intervention de Jean-Marc Quattrochi

Réunion du 4 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Jean-Marc Quattrochi, secrétaire général de l'Union des navigants de l'aviation civile, UNAC :

Plusieurs d'entre vous nous ont interrogés sur le partage du diagnostic. Évidemment, nous vivons dans le transport aérien et nous voyons ce qui se passe dans le monde. Nous savons que le secteur est en mutation. Quelle stratégie faut-il adopter face à cette mutation ? Telle est la bonne question. Pour nous, la stratégie passe par l'innovation, par le courage de développer des projets et notamment les bases régionales dont a parlé Philippe Evain, par la montée en gamme. Les salariés sont prêts à s'adapter à l'évolution de la demande et à monter en gamme. Ils sont prêts à répondre au défi de la compétitivité, mais pas à n'importe quel prix : nous devons obtenir certaines garanties.

Nous devons notamment obtenir la garantie d'évoluer dans des conditions de compétition loyales, que seul l'État peut nous apporter. Nous ne demandons pas l'aumône. Nous demandons au législateur de clarifier la situation des faux indépendants, de définir ce qu'est une base flottante. Actuellement, Norwegian va encore plus loin que Ryanair : l'entreprise théoriquement norvégienne est juridiquement établie en Irlande pour profiter d'une fiscalité particulière, et ses navigants ont des contrats de travail singapouriens. Il faut élaborer des outils de lutte contre ces pavillons de complaisance.

Quant aux taxes sur le transport aérien, elles nous placent dans une situation défavorable par rapport à nos concurrents : nous sommes tous censés courir un cent mètres, mais on nous équipe de semelles de plomb et on nous ajoute dix mètres supplémentaires et des haies dans notre couloir. Je parle bien des taxes annexes qui s'appliquent uniquement au transport aérien et qui nous rendent la tâche encore plus difficile, et non pas des cotisations sociales : notre modèle social, nous le revendiquons.

Nous avons donc de fortes attentes vis-à-vis de l'État qui peut nous garantir que les efforts que nous serions susceptibles d'accepter – ce qui n'est pas évident – ne soient pas des sacrifices. Faire des efforts qui ne servent à rien, c'est comme aller à l'échafaud en se faisant couper un bras en chemin. Ce n'est pas notre jeu.

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