Intervention de André Vallini

Réunion du 10 novembre 2015 à 16h00
Commission d'enquête visant à évaluer les conséquences sur l'investissement public et les services publics de proximité de la baisse des dotations de l'État aux communes et aux epci

André Vallini, secrétaire d'état chargé de la réforme territoriale :

Je ne sais pas comment Monsieur Baroin a fait ses calculs. J'ai rappelé les chiffres : il n'y a pas plus de communes signalées comme étant en grande difficulté dans le réseau d'alerte cette année que l'an dernier ou il y a deux ans, de même qu'il n'y a pas plus de saisines des CRC. Les élus sont inquiets, oui, mais ils ne sont pas en colère, comme Monsieur Baroin souhaiterait peut-être qu'ils le soient. Le congrès des maires a lieu la semaine prochaine et nous y serons. Ce congrès est toujours l'occasion pour les élus d'exprimer leurs mécontentements, leurs inquiétudes, leurs interrogations et leurs impatiences. Nous répondrons à leurs questions.

J'ai été maire pendant quinze ans, de ma petite ville natale de 8 000 habitants, qui se situe dans la moyenne en termes de richesses, et président du département de l'Isère pendant quinze ans également. J'ai souvent reçu des entrepreneurs du BTP et je leur disais, bien avant la crise financière que nous connaissons et la baisse des dotations : « Nous allons essayer d'investir encore et de vous donner du travail. » Mais le rôle d'une commune ou d'un département est-il d'investir pour investir, ou bien de réaliser des équipements quand ils sont nécessaires, bien dimensionnés, sans hésiter à étaler leur réalisation sur un an, deux ans ou un mandat ? En France, les élus culpabilisent de ne pas avoir assez de travail à donner au BTP. Nous sommes tous soucieux de la situation du secteur, et mon département a aussi des entreprises en grande difficulté dans les travaux publics et le bâtiment, mais le rôle des élus est de savoir ce qui est utile et ce qu'il est possible de réaliser à court et moyen termes.

Toutes tendances politiques confondues, nous avons beaucoup investi depuis les lois de décentralisation, bien plus que l'État ne l'aurait sans doute fait, car nous sommes au contact des citoyens, de leurs besoins, de leurs demandes, voire de leurs exigences. Devons-nous continuer à investir au même rythme dans les trente ans à venir ? Je ne le crois pas. Certes, la population augmente, et il faudra continuer de construire des écoles, des crèches, des piscines, des stades et des médiathèques, mais pas au même rythme. On ne peut pas vivre sur le même pied que celui que l'on a connu depuis trente ans, d'abord parce que l'argent public devient plus rare, ensuite parce que nous avons déjà beaucoup et bien équipé le pays.

J'ai été réélu dans mon canton en mars dernier sur un discours de rigueur, en étant membre d'un Gouvernement qui n'était pas au zénith de sa popularité et en portant une réforme territoriale dans laquelle était initialement prévue la suppression des départements. Les gens ne me désapprouvent quand je tiens ce discours. Il faut être à l'écoute des secteurs économiques, dont le BTP, et garantir le service public, mais avec un discours de sincérité et de réalisme, car, les gens l'ont compris, les temps sont durs et l'argent public est devenu beaucoup plus rare.

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