Monsieur Potier, permettez-moi de vous interroger sur ce nouveau plan Ecophyto II qui rencontre une opposition particulièrement réactionnaire. Après « L'environnement, ça commence à bien faire ! » de notre ancien Président de la République, nous avons entendu ce week-end un nouveau message d'un syndicat d'exploitants agricoles qui, en murant la permanence du suppléant de la ministre de la santé, dit clairement : « La santé, ça commence à bien faire ! » Aussi paraît-il urgent de passer de l'exploitation agricole au cultivateur de la terre.
Vous avez dit que si les dernières années n'ont pas permis de réduire l'utilisation des pesticides, les fermes du réseau Dephy y sont parvenues. Vous proposez de multiplier par dix le réseau des fermes Dephy, ce qui permet d'espérer que la situation s'améliore. Mais on s'interroge, car il ne s'agit que de 30 000 exploitations qui pourraient réduire leur utilisation de produits phytosanitaires. Y a-t-il suffisamment de GIEE pour parvenir à cet objectif ?
Je me pose la question des outils d'évaluation des pollutions des sols et des eaux, qu'elles soient souterraines ou de surface. Vous avez évoqué le sujet, mais peu de propositions figurent dans votre rapport comme dans le plan Ecophyto II.
Le plan Ecophyto II parle beaucoup du biocontrôle, de l'agro-équipement mais peu du développement des produits naturels pour lesquels nous nous sommes battus ensemble lors de la discussion de la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, et peu de la possibilité d'utiliser les semences locales. Or, on sait que ces solutions peuvent être extrêmement intéressantes, notamment pour l'outre-mer.
En ce qui concerne les certificats d'économie de produits phytosanitaires, il est peu question du principe de précaution. Par exemple, nous savons que les néonicotinoïdes ne sont pas frappés d'interdiction alors qu'ils sont de plus en plus soupçonnés d'être dangereux pour la santé.
Vous évoquez l'agriculture biologique, mais votre rapport et le plan Ecophyto II fixent peu d'objectifs en la matière alors que la demande de produits bio est croissante. Si malheureusement le nombre d'exploitations agricoles diminue du fait de l'agrandissement des exploitations, parallèlement le nombre de fermes en agriculture biologique augmente, ce qui montre bien qu'il y a une vraie demande. De même, le nombre d'exploitations qui pratiquent la vente directe est en hausse. Vous le savez, je poursuis un travail sur la relocalisation alimentaire qui sera un bon levier pour diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires, pour de meilleures pratiques agricoles, pour le bien-être des paysans et des consommateurs, et plus généralement de la planète.