Comment l’éradiquer ? Par une coalition internationale, parce que la menace est mondiale, parce que cet arc de crise transperce le monde, du Nigéria jusqu’au Pakistan. Oui, il faut une grande coalition mondiale. Il faudra aussi que cette coalition, à laquelle la France peut-être – je l’espère – prendra sa part, intervienne au sol. Nous n’obtiendrons pas de victoire définitive sans cette intervention au sol, en Irak et en Syrie. Le jour viendra.
Se pose aussi la question des frontières. Les frontières, c’est la paix : il n’y a pas de communauté politique sans un dedans et sans un dehors. Si vous effacez les frontières, vous avez la jungle. La question des frontières, c’est la question européenne. On voit bien la faillite de Schengen. Si le Président de la République, avant même les attentats, a dû ordonner le rétablissement des contrôles aux frontières pour la COP 21, c’est bien que Schengen a failli. Nous proposons donc que les contrôles soient rétablis, tant que Schengen ne sera pas refondé, tant que nous serons dans une situation de guerre et d’urgence.
Et puis, pour que l’union nationale ait un sens, il faut qu’elle soit incarnée. Incarnée dans une politique d’autorité, une politique de confiance en nous-mêmes, loin de l’angélisme qui, trop souvent, nous a désarmés.
Oui, monsieur le Premier ministre, oui, mes chers collègues, la France est en guerre ; les Français le voient, les Français le savent depuis vendredi soir. Et si, dans cette nuit noire, cette nuit d’horreur, cette nuit de sang et de larmes que vous avez évoquée, monsieur le président, leur regard a pu être un temps voilé par l’émotion, leur jugement, lui, n’a pas été altéré. Bien au contraire, il a été aiguisé.
La France est un grand pays, une vieille nation. Chaque génération a dû faire face à des défis, a dû se battre pour la patrie. Oui, nous sommes cette vieille nation qui a traversé tant d’épreuves, surmonté tant de drames. Notre caractère s’est forgé dans la résistance. Les Français ont de la ressource !
Oui, monsieur le Premier ministre, nous sommes en guerre ; alors, faites la guerre ! Je n’imagine pas que vous n’ayez pas entendu l’écho des paroles de Georges Clemenceau exhortant, depuis une autre tribune que celle-ci, d’autres Français : « Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre » ! Si vous faites cette guerre qu’ils attendent, monsieur le Premier ministre, les Français seront derrière vous – et nous aussi.
Ce qu’attendent les Français, c’est de la volonté. La France a rendez-vous avec son histoire. Sans doute faudra-t-il changer des lois, mais c’est la volonté qui fera reculer la barbarie, la barbarie djihadiste. Ce qui est compte aujourd’hui, c’est que la France soit rassemblée, qu’elle se dresse contre la barbarie, grâce à tout ce que nous avons engrangé de civilisation au cours des siècles. Ce qui compte, c’est que la France soit debout, qu’elle soit unie pour livrer la bataille et pour gagner la paix.