Messieurs les présidents, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, mes chers collègues, en janvier dernier, la communauté nationale dans son ensemble avait été durement touchée. Mais vendredi dernier, l’horreur a changé de vecteur. Elle ne visait plus seulement des symboles, elle visait la jeunesse dans sa diversité, elle visait le quotidien des Français. Elle voulait nous toucher au coeur.
Je pense aux victimes, françaises et étrangères, aux blessés, à leurs familles, à leurs amis, aux témoins de ces atrocités. Je pense à ceux qui continueront à souffrir de ces attaques, dans leur chair et dans leur âme, pendant toute leur vie.
Je souhaite à mon tour rendre hommage aux forces de l’ordre, aux personnels hospitaliers, ainsi qu’à toutes celles et à tous ceux qui, bénévolement, anonymement, ont tendu la main pour secourir leurs concitoyens. Je souhaite également saluer ces travailleurs de l’ombre dont je suis certain qu’au cours des mois écoulés, ils nous ont épargné d’autres drames. Ne les oublions pas.
Face à la barbarie, la République doit demeurer forte. Jamais la France, depuis la Seconde guerre mondiale, n’a subi une telle attaque ; car oui, les événements du 13 novembre ne sont pas que des attentats, ce sont des actes de guerre. L’objectif des terroristes est clair : ils souhaitent nous faire souffrir, nous effrayer, bouleverser nos habitudes pour nous faire, finalement, perdre la raison. Ils souhaitent nous opposer les uns aux autres, nous pousser à renier nos valeurs pour nous rabaisser à leur niveau.
La République doit rester unie. Elle doit poursuivre et châtier ses assaillants. Pour cela, nous devons être lucides, méthodiques et déterminés.
Soyons lucides : nous sommes engagés dans une guerre d’une nature particulière. Ces fanatiques n’envisagent que deux options : nous asservir ou nous tuer. Leur détermination est absolue. La mort n’est pas pour eux un sacrifice. De ce fait, c’est une guerre spéciale qui s’engage, car il ne pourra y avoir de compromis, monsieur le Premier ministre.
Soyons lucides quant à la nature et à la force de notre ennemi. Ne le sous-estimons pas. Il occupe militairement un large territoire. Ses dizaines de milliers d’hommes y soumettent les populations. Les volontaires affluent, mués par le fanatisme religieux, par l’aigreur, par l’ignorance. Cet ennemi s’est parfaitement approprié le phénomène de la mondialisation. Il en maîtrise tous les outils techniques et médiatiques, comme il maîtrise très bien l’exacerbation des flux financiers à son profit.
Nous devons aussi agir avec méthode. Nous sommes mobilisés sur notre sol et à l’extérieur. La France ne sera pas en paix tant que ces fanatiques trouveront refuge en Syrie, en Irak ou ailleurs. Le monde s’est couvert des couleurs de notre drapeau depuis vendredi. La société internationale nous écoute. Bien que les États-Unis n’aient pas encore pris toutes leurs responsabilités, des solutions multilatérales existent. Nous devons également demander une action collective dans le cadre des Nations unies, et je me félicite que le Président de la République se soit exprimé sur ce point tout à l’heure.
Toutefois, quelle que soit la forme de notre intervention, nous ne pourrons agir exclusivement par la voie aérienne. Depuis plus d’un an, en Irak, et depuis quatre mois en Syrie, force est de reconnaître que nos frappes n’ont pas eu l’effet escompté. Pour vaincre, nous allons devoir infléchir nos positions diplomatiques. Nous devrons trouver de nouveaux partenaires pour intervenir au sol : je pense aux Kurdes, à l’Iran, à la Turquie, mais aussi à la Russie, sans oublier l’État syrien.
Bachar Al-Assad a une large responsabilité dans la situation dramatique de la Syrie, c’est une évidence. Toutefois, nous ne pouvons plus faire de la question de son sort personnel le préalable à la consolidation de la coalition.