Intervention de Jean-François Roubaud

Réunion du 20 décembre 2012 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises :

Signe d'un défaut de compétitivité, la France perd des parts de marchés par rapport à ses voisins européens. Depuis 2002, son solde commercial s'est dégradé chaque année de 8 milliards pour atteindre aujourd'hui un déficit de 70 milliards, dont la moitié concerne l'énergie.

La première explication se rapporte aux différents coûts supportés par les entreprises françaises.

Parmi nos handicaps figure d'abord le coût horaire de la main-d'oeuvre : 32,7 euros en France en 2009, contre 30 en Allemagne, ce qui représente presque un écart de 10 %.

Si le coût de la protection sociale est quasiment identique dans les deux pays, le taux de cotisation sur les revenus salariés varie sensiblement. En Allemagne, 29 % des recettes affectées à la protection sociale sont supportées par les ménages et 34 % par les entreprises. En France, les taux sont respectivement de 21 % et de 44 %. Cette répartition des charges réduit la compétitivité de nos entreprises.

Par ailleurs, celles-ci n'ont pas intérêt à embaucher une main-d'oeuvre peu qualifiée : pour un salaire inférieur à 1 400 euros, 12 % des cotisations sont à la charge des employeurs ; au-delà, le taux double. À l'inverse, les employeurs allemands sont incités à embaucher une main-d'oeuvre plus qualifiée et les salariés, à se former. Nos petites entreprises doivent faire un effort en matière de formation.

Même si les produits français conservent une image de qualité, nous ne progressons pas dans ce domaine, contrairement à d'autres pays. Pour les promouvoir, nous devons améliorer notre image en termes d'innovation, de technologie et de notoriété.

L'évolution du coût des matières premières et la volatilité des taux de change sont très pénalisantes pour certaines branches. Le prix des produits alimentaires, notamment celui des oléagineux, a fortement augmenté, ces dernières années. Nous ne maîtrisons pas non plus le coût de l'énergie, qui a subi une forte hausse.

Certains atouts devraient toutefois nous permettre de rebondir : la qualité de notre système de santé, celle de nos salariés, leur productivité et nos infrastructures de transport. Notre démographie positive, poussée par un fort taux de fécondité, constitue une réserve de compétitivité pour les années à venir, à condition que les jeunes puissent trouver dans nos écoles une formation de qualité.

Après lecture du rapport Gallois, le Premier ministre a annoncé un pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi. Nous aurions préféré une baisse de charges à un crédit d'impôt, mais la somme de 20 milliards est suffisamment importante pour que nous ne fassions pas mauvaise figure. À présent que les règles du jeu ont été fixées – ce qui n'était pas le cas il y a deux semaines –, les entrepreneurs vont pouvoir s'engager, ce qu'ils hésitaient à faire tant qu'on pouvait encore craindre un retour en arrière. Il est donc probable que le dispositif fonctionnera convenablement.

Le pré-financement est essentiel pour les PME et les TPI, dont la trésorerie pâtit de la baisse des commandes et de l'allongement des délais de paiement, car la loi de modernisation de l'économie n'est pas respectée, même par l'État et les collectivités locales ! De plus, les banques ont du mal à accorder des découverts aux entreprises qui doivent financer leur besoin en fonds de roulement. Autant de facteurs qui expliquent les difficultés des PME, lesquelles détruisent 1500 emplois par jour – soit plus de trois fois l'effectif de l'usine de Florange – sans qu'aucun journaliste n'en parle.

Nous souhaitons aussi qu'une partie de la protection sociale soit financée non plus par les cotisations des employeurs mais par la TVA ou la CSG. Il y a plusieurs années, nous avions proposé d'utiliser à la fois l'une et l'autre, en baissant en contrepartie les charges salariales, de façon à maintenir la consommation. Cette piste n'a pas été retenue. Peut-être devriez-vous y revenir, le semestre prochain, quand vous travaillerez sur le financement de la protection sociale et sur la dépendance.

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