Intervention de Françoise Dumas

Réunion du 18 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas :

J'ai eu l'honneur de rapporter les travaux de la commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, qui donnait le point de vue des associations elles-mêmes sur les difficultés qu'elles rencontraient. Même si notre collègue Yannick Favennec a largement participé à nos travaux, je souhaite nuancer sa proposition.

Son idée est louable et généreuse, mais elle ne me paraît pas être prioritaire.

Tout d'abord, on ne peut pas considérer qu'il existe réellement une crise du bénévolat. Nos travaux ont établi que le taux de bénévolat est ainsi passé de 28 % en 2002 à 32 % en 2010. Mais nous constatons une augmentation considérable du nombre d'associations sans salariés, et surtout un accroissement des besoins, du fait de la crise et de l'évolution démographique, qui donne l'impression aux bénévoles d'être submergés.

Plutôt que de crise du bénévolat, il faut parler d'un changement de ses formes. Il est souvent beaucoup plus ponctuel – sur une cause ou temps donné – et les bénévoles sont fréquemment présents dans plusieurs associations.

Les difficultés les plus importantes, dont la prise en compte doit être prioritaire, portent sur la gestion des associations et les besoins en formation du personnel associatif. Il paraît plus que jamais utile aujourd'hui de favoriser l'engagement citoyen tout au long de la vie, ce qui signifie de mener des actions très précoces sur l'apprentissage à la citoyenneté auprès des enfants. Il faut aussi travailler sur le bénévolat des demandeurs d'emploi, car les réponses de l'État ne sont pas toujours très adaptées. On peut considérer ce bénévolat comme du temps de formation ou de réinsertion. Il faut aussi faciliter les congés d'engagement pour les salariés.

L'enjeu est plutôt celui du vieillissement des instances. Mieux vaut faciliter la vie des associations, que de donner des trimestres supplémentaires. De plus, cette mesure dénaturerait totalement l'esprit associatif, qui repose sur le don de soi, de ses capacités. Cette proposition de loi le marchandiserait et créerait encore plus de lourdeur pour les associations, qui n'ont pas besoin de cela.

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