Intervention de Général Arnaud Sainte-Claire Deville

Réunion du 17 novembre 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Arnaud Sainte-Claire Deville, commandant des forces terrestres :

Pour ce qui est de l'attitude de nos soldats dans l'opération Sentinelle, le plus petit élément indivisible est le trinôme, composé comme son nom l'indique de trois soldats formés à la mise en oeuvre successive des trois niveaux que constituent la posture, l'utilisation de l'armement à létalité réduite et les techniques de corps-à-corps, et l'utilisation de l'arme à feu. Tous nos soldats, quel que soit leur niveau, possèdent les savoir-faire nécessaires à la mise en oeuvre de ces techniques. Je précise que l'un des trois soldats est toujours placé en appui des deux autres, c'est-à-dire qu'il est spécialement chargé de couvrir ses camarades. Nul ne peut dire si en procédant de la sorte, nous sommes forcément à l'abri d'une mauvaise surprise, mais je peux vous assurer que la formation dont bénéficient nos hommes est de nature à leur permettre de réagir correctement en toutes circonstances. Cela a d'ailleurs été le cas en février dernier, lorsque trois militaires du 54e régiment d'artillerie de Hyères ont été attaqués à Nice par un individu armé d'un couteau : ils ont alors parfaitement réussi à maîtriser leur agresseur en appliquant le principe de la progressivité de la réponse.

Pour ce qui est des soldats de confession musulmane, j'ai en tête un seul exemple où cela ait pu poser problème : il s'agissait d'un jeune soldat qui ne voulait pas dormir dans la synagogue que son groupe protégeait. Le commandement a fait appel à l'aumônerie musulmane des armées qui a permis la résolution de l'incompréhension et la poursuite de la mission.. Il est un peu tôt pour vous répondre au sujet des conséquences des événements de vendredi, mais je n'ai pas d'inquiétude particulière au sujet du comportement de mes soldats de confession musulmane.

Le ministre de la Défense était ce matin à Bruxelles afin d'évoquer la demande d'aide et d'assistance formulée par la France au titre de l'article 42-7 du Traité de l'Union européenne. Je connais bien la brigade franco-allemande, pour y avoir commandé un régiment et y avoir servi comme chef d'état-major à l'époque où elle était engagée en Afghanistan. La brigade est d'ailleurs actuellement commandée par un général que je connais très bien, car il était avec moi à Kaboul – il m'a d'ailleurs adressé dans la nuit de vendredi à samedi un message pour me dire à quel point il nous soutenait et était disposé à agir aux côtés de la France, pour peu qu'il en reçoive l'ordre. Quant à la partie française de la brigade, elle est complètement mobilisée sur Sentinelle, comme toutes les unités terrestres.

Si vous n'aviez qu'une chose à retenir de mon intervention, que ce soit celle-ci : nous devons sortir de la logique selon laquelle Sentinelle se résumerait à la mise en place de gardes statiques, et faire en sorte d'utiliser davantage nos modes d'action spécifiques. C'est à cette condition que nous pourrons mieux dissuader et mieux protéger.

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