Intervention de Marwan Lahoud

Réunion du 11 décembre 2012 à 17h15
Commission de la défense nationale et des forces armées

Marwan Lahoud, directeur général délégué du groupe EADS et président d'EADS France :

Nous sommes prêts à étudier avec le ministère de la défense, l'armée de l'air et toutes les parties prenantes une meilleure organisation du MCO. Nous n'avons pas à cet égard de plan prédéfini et n'avons pas davantage l'intention que ce travail se fasse au détriment des acteurs actuels. Si par exemple il y a une meilleure manière de s'organiser avec le service industriel de l'aéronautique – les ex-ateliers industriels aéronautiques (AIA) –, ce sera fort bien. Mais l'État voudra peut-être s'interroger avec nous sur une meilleure répartition des tâches, voire sur une externalisation. Chaque débat budgétaire remettant en lumière le poids insupportable du MCO, nous sommes prêts à voir comment contribuer à une meilleure répartition de ce poids. L'intérêt que nous y trouvons n'est pas seulement financier : il tient aussi à la pérennité de l'investissement dans les développements et au fait que les marges budgétaires ainsi dégagées permettraient de préparer l'avenir.

Pour ce qui est de la fusion manquée avec BAE, peut-être était-il encore trop tôt pour convaincre les États que leurs intérêts n'étaient pas mis en danger. La fuite qui a mis fin à la confidentialité du travail sur ce projet l'a tué. La discussion comportait en effet une part importante de pédagogie et il nous aurait fallu plus de temps pour emporter la conviction. Du reste, la gouvernance qui s'est mise en place avec l'accord des États procède directement de ces échanges – nous avons seulement eu plus de temps pour les mener en confidence.

Occasion ratée, certes. Il n'y a pas pour autant péril en la demeure : l'entreprise va très bien et rebondit. Le ciel est assurément bleu pour l'aéronautique civile, qui connaît une croissance de 5 % par an, sans équivalent dans les autres secteurs industriels. Même sans croissance et avec des budgets contraints, nos activités militaires et spatiales se portent bien elles aussi. Nous allons poursuivre cette trajectoire et engager des partenariats, notamment pour les avions de combat.

Pour ce qui est de l'Eurofighter, je rappelle qu'en août 1985, un communiqué laconique du ministère de la défense annonçait que la France se retirait de la coopération sur l'avion de combat européen. Nous subissons depuis lors les conséquences de cette décision. Tout le monde dit que l'avion du futur se fera en coopération ou ne se fera pas ; je m'inquiète, pour ma part, de ce que la dernière branche de l'alternative impliquerait en matière de compétences.

Nous sommes actionnaires de Dassault à 46 % et partie prenante de son programme nEUROn, dont nous réalisons la partie espagnole. Nous sommes donc très fiers d'avoir contribué au vol du premier drone de combat européen. Le « partage du monde » opéré jadis entre Dassault et EADS a certes vocation, comme tout partage, à être remis en cause mais, en 2004, un accord tacite a attribué à Dassault les drones de combat et à EADS les drones de surveillance. Nous sommes du reste le seul industriel « tenant du titre » en matière de drones de surveillance à avoir actuellement un drone en service, dont les militaires nous ont fait savoir qu'il s'était bien comporté en Afghanistan et en Libye.

Pour le futur, nous souhaiterions développer une capacité européenne, mais le marché des drones est très étroit et ne peut donc pas supporter de frais fixes importants. Il est dès lors normal que les ministères de la défense français et allemand s'interrogent sur l'opportunité d'importer des drones et d'en européaniser les capacités – c'est du reste ce que nous avons fait avec le Harfang, qui n'est autre chose qu'un drone Heron francisé. Lorsque la France décidera des capacités intérimaires dont elle veut se doter, EADS, en tant que « tenant du titre », sera tout désigné pour participer à la compétition. Il nous faut en tout état de cause écouter les souhaits de l'utilisateur, qui n'est pas seulement mû par des idées à court terme et qui est in fine le mieux placé pour connaître ses propres besoins.

Quant à l'apprentissage, il est souhaitable à tous les niveaux, même post-baccalauréat, comme dans le cadre de l'année de césure ménagée par de nombreuses écoles de commerce ou d'ingénieurs. Notre modèle éducatif doit évoluer : on ne distingue plus aujourd'hui la période des études de celle du travail.

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