Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, permettez-moi d'exprimer la solidarité des députés du Front de gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine avec le peuple malien confronté à l'offensive de groupes djihadistes qui occupent le nord de ce pays qui nous est si proche. Nos pensées vont aussi aux familles d'otages français et à celles de nos soldats.
Une intervention internationale était urgente et nécessaire pour stopper l'offensive des fanatiques islamistes. Elle n'en suscite pas moins des interrogations. L'opération Serval a été lancée sans débat préalable au Parlement. Selon nous, elle aurait dû s'inscrire aussi dans le cadre d'un mandat précis, défini par l'ONU et l'Union africaine.
La résolution 2085 du Conseil de sécurité autorise le déploiement d'une mission internationale sous conduite africaine. Or l'opération Serval se révèle d'abord être une opération franco-française. Cela ne peut que susciter un certain malaise, au regard de l'ancien statut de puissance coloniale de la France.
Mais, surtout, cette opération militaire, nécessaire, ne saurait constituer une fin en soi. Elle ne réglera pas le problème sur le fond et dans la durée. La crise malienne est d'abord politique. Elle pose la question de la reconstruction d'un pays, dont la déliquescence institutionnelle et politique a abouti à le scinder en deux.
La France ne doit pas mettre seulement ses armes et ses soldats au service de ce pays symbole de la richesse culturelle du continent africain. Elle doit coopérer avec lui, dans le respect mutuel, afin qu'il puisse se doter, par lui-même, d'institutions stables dignes d'un État souverain.
Monsieur le Premier ministre, quelle est notre ambition dans ce registre qui relève moins du militaire que du politique et de la solidarité entre les peuples ?