Intervention de Valérie Boyer

Séance en hémicycle du 24 novembre 2015 à 21h30
Modernisation du système de santé — Article 5 b

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Je regrette le vote précédent, car je crois qu’il découle d’une mauvaise compréhension de la disposition proposée. Quand des sites donnent des conseils morbides du style : « Mens à ta mère, coupe-toi les cheveux pour ne pas laisser voir qu’ils tombent, va courir, ne mange pas, etc. », ce sont des incitations à de mauvais comportements. Si je partage certains aspects de ce qui a été dit, je crois aussi que la loi doit montrer l’exemple et ne pas favoriser les comportements morbides ni faire l’apologie de la mort – ce qui est le cas de ces sites.

Je rappelle que cette disposition, qui avait effectivement été proposée par Olivier Véran, reprenait une proposition de loi que j’avais déposée (« Ah !… » sur divers bancs), et qu’elle avait été votée sans que l’on en comprenne les enjeux ; c’est la raison pour laquelle vous l’avez rejetée aujourd’hui. Je souligne que ma proposition de loi avait été inspirée par un article du code pénal qui traite de l’incitation au suicide. Quand on connaît le taux de mortalité des personnes souffrant d’anorexie mentale ou d’extrême maigreur, ainsi que les ravages provoqués, on peut aisément faire un parallèle entre ces agissements et l’incitation au suicide. Certaines personnes ont suffisamment d’emprise sur d’autres pour les inciter à se priver de nourriture au point d’altérer leur santé : il importe que la loi signale que ces incitations doivent être réprimées. Je regrette donc ce vote et votre mauvaise compréhension de cette disposition.

J’en viens à l’amendement no 344 . Cet amendement propose que les photos d’images corporelles retouchées portent la mention que ces photos ont été retouchées afin de modifier l’apparence d’une personne. Il s’agit donc, non pas d’interdire, mais de signaler. On dispose aujourd’hui, grâce à des algorithmes, de moyens techniques permettant de dire si une image a été modifiée et dans quelles proportions : 10 %, 20 %, 30 %, 40 % ou 50 %.

Il s’agit là d’un débat sur la déontologie de l’image. On le sait, notre exposition aux signaux publicitaires est extrêmement importante : nous sommes soumis à plus de 2 000 signaux publicitaires par jour, et ces signaux utilisent souvent le corps des femmes ; ce corps est en général retouché, donnant à penser que les modèles présentés sont la réalité, ce qui suscite des objectifs impossibles à atteindre, engendre des frustrations et provoque de mauvaises représentations.

Il s’agit donc, non pas d’interdire, mais de montrer ; l’objectif de la disposition proposée est de signaler à la personne qui reçoit l’image que celle-ci a été modifiée par un logiciel de traitement de l’image. Cela permettrait de respecter le destinataire de l’image et de ne pas donner d’objectifs inatteignables à certaines personnes, surtout des femmes, en particulier les plus vulnérables.

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