S'agissant du rôle de l'État dans les conseils d'administration, je vous confirme que je ne sais pas ce qui s'y est dit. Il n'empêche qu'il est quand même question dans les conseils d'administration de Renault des nouveaux modèles et des nouvelles motorisations. Le constructeur a notamment mené des travaux sur le modèle électrique Zoé. J'ignore si les termes de « transition énergétique » ont été prononcés en tant que tels mais il reste qu'une réflexion est menée et que les représentants de l'État défendent sa position sur ces sujets. De même, dans toutes les discussions que nous avons en ce moment avec les grands acteurs de l'industrie au sens large, nous traitons de la Conférence de Paris sur les changements climatiques (COP21), du coût de l'énergie, de la transition énergétique et des quotas de carbone. J'ignore si ces sujets sont soulevés en conseil d'administration mais nous les abordons en tant qu'administration avec nos interlocuteurs entreprises. Il a été question ces derniers temps dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances du coût de transport de l'électricité et des différents dispositifs d'abattement pour l'interruptibilité et des dispositifs applicables aux électro-intensifs : or nous en discutons régulièrement avec tous les grands acteurs industriels – même s'il ne s'agit pas forcément de ceux du secteur automobile, mais aussi de ceux des secteurs de la chimie et de la sidérurgie. Notre mission consiste aussi à être en contact avec les entreprises : celles-ci nous fournissent des informations que nous essayons d'examiner pour ensuite tenter de prendre en compte les intérêts de leur activité et de l'emploi.
S'agissant du rôle de l'État vis-à-vis des institutions européennes, la DGE ne participe pas au comité précité : ce sont les services du MEDDE qui représentent l'État dans ce dispositif. Et je vous confirme ce qui a été dit – à savoir qu'à partir du moment où il y a eu un vote, la France a voté sur une position. Mais que les réunions aient lieu à Bruxelles ou qu'elles soient interministérielles, je n'y prends aucune décision en tant qu'individu mais en tant que chef d'un service dépendant d'un ministre. Et des positions de cette nature sont évidemment soutenues par le cabinet du ministre, son directeur de cabinet ou le ministre lui-même. Nous prenons donc en compte les grands objectifs politiques français en matière de réduction des pollutions, de diminution des émissions de CO2 et de gaz à effet de serre.
Nous nous sommes livrés à des exercices complexes au doigt mouillé, à partir d'éléments obtenus auprès des constructeurs, pour essayer de déterminer l'impact du rapprochement de la fiscalité du gazole et de l'essence. Mais vous savez bien, madame la ministre, comment cela se passe : le Premier ministre prend un arbitrage au cours d'une réunion interministérielle où les différents services arrivent chacun avec leur propre évaluation. En l'occurrence, sur les questions de fiscalité du diesel, le cabinet de M. Macron avait demandé à la DGE et à la Direction générale du trésor de réaliser des simulations de l'impact de la mesure. Nous avons donc essayé de le faire tant bien que mal et à partir de là, d'établir une position que nous avons défendue en réunion interministérielle. Je vous confirme donc que nous avons travaillé sur ces sujets.
La modularisation des chaînes de production est également une question à laquelle nous réfléchissons beaucoup. Qui plus est, la filière automobile travaille depuis toujours sur les questions d'amélioration de la production, d'économies d'échelle et de productivité. Les entreprises de l'automobile ont mis en place depuis des années des processus de qualité et travaillent désormais sur le lean. On rejoint là une révolution chère au ministre, Monsieur Emmanuel Macron : la transformation numérique de l'industrie. La dixième des solutions de la nouvelle France industrielle s'intitule « industrie du futur » et traite précisément de l'évolution des méthodes de production vers des séries plus petites et plus adaptées, avec des temps de réactivité plus courts de la part des entreprises. C'est là un des objectifs auxquels s'intéresse le CSF car c'est l'un des axes de travail du contrat stratégique de filière que j'ai cité au début.