Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 25 novembre 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien

Manuel Valls, Premier ministre :

Son sens de la décision est particulièrement précieux au moment où tout le gouvernement est mobilisé pour la défense et la sécurité de notre pays.

Mesdames et messieurs les députés, la France est au coeur de cette guerre contre Daech, aux avant-postes. Mais ce combat contre le terrorisme, c’est aussi celui des Nations unies. Vendredi dernier, le Conseil de sécurité a fait preuve de responsabilité en adoptant à l’unanimité la résolution 2249 – jusqu’ici les conditions n’étaient pas réunies pour permettre ce vote – qui appelle à amplifier la lutte contre les groupes terroristes djihadistes. C’était une demande de la France, du Président de la République et de notre diplomatie, exprimée au lendemain des attentats.

Ce combat, nous le menons aussi, dès à présent, dans le cadre d’une coalition avec une trentaine d’États engagés militairement en Irak et en Syrie. Et nous progressons, même si c’est difficile. Il ne faut rien ignorer de ces difficultés et faire preuve de lucidité, mais le rapport de forces sur le terrain commence à s’inverser. Avec l’appui de la coalition, les unités irakiennes et kurdes, et l’opposition syrienne modérée ont réussi à endiguer l’expansion territoriale de Daech.

En Irak, les villes de Baïji et Sinjar ont été reconquises, ce qui prive Daech, l’État islamique, d’axes stratégiques entre Mossoul et Raqqa. C’est bien le signe que l’emprise de l’armée terroriste sur cette zone n’est pas une fatalité.

Daech commence à subir des dommages sérieux, à éprouver des difficultés pour organiser les ravitaillements à Mossoul, pour payer ses combattants. Les recrues sont de plus en plus jeunes pour faire face aux pertes humaines et aux désertions. La population est touchée par d’importantes restrictions en eau et en électricité, ainsi que par la hausse des prix. La situation va se dégrader encore davantage avec l’arrivée de l’hiver.

Daech commence donc à reculer. C’est la preuve que cette organisation peut être vaincue. Pour cela, nous devons aller encore plus loin, plus fort, parce que cette armée terroriste a encore des ressources, parce qu’elle peut encore mener des offensives.

Aller plus loin, c’est mobiliser une coalition plus large. C’est la position de la France, et elle est constante.

Avec les États-Unis d’Amérique, bien sûr. Pour eux aussi, le 13 novembre a changé la donne. Vous le savez, le Président de la République était hier à Washington, où il a rencontré le Président Obama. Ensemble, nos deux pays, pays alliés, toujours soudés face aux épreuves, ont affirmé une volonté commune : agir encore plus étroitement, militairement et diplomatiquement. Après ce qui s’est passé à Paris, il n’y a plus d’hésitation à avoir.

Une coalition plus large, c’est aussi une coalition dans laquelle les Européens doivent assumer leur responsabilité, une responsabilité historique. Le combat contre le terrorisme n’est pas seulement le combat de la France. C’est, ce doit être le combat de l’Europe entière, de tous les pays de l’Union, car les terroristes se jouent des frontières. Ils frappent sans discernement à Paris, à Bruxelles, à Copenhague, comme ils ont frappé, hier, à Londres ou à Madrid.

L’Europe fait face à une même menace. C’est donc dans son ensemble que l’Europe doit se mobiliser. Aucun pays d’Europe ne peut se croire à l’abri ni hors de ce combat.

Au lendemain des attentats – et pour la première fois –, nous avons invoqué l’article 42-7 du Traité de l’Union européenne. Nous avons fait appel à la solidarité de nos partenaires pour qu’ils contribuent directement aux opérations militaires, pour qu’ils nous apportent leur concours logistique, pour que nous ne portions pas seuls le fardeau de la guerre.

Tous nos partenaires ont entendu cet appel. Il faut maintenant passer aux actes.

Dès à présent, plusieurs d’entre eux sont engagés à nos côtés en Irak : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark. Mais nous avons besoin de tous, en Irak et en Syrie, mais aussi au Sahel. L’attentat de Bamako est hélas venu souligner que les menaces, celles qui ont justifié notre intervention il y a deux ans, demeurent.

Nous aurons peut-être besoin de l’Europe demain en Libye : nos regards inquiets se tournent vers cette partie de l’Afrique du Nord, qui pourrait devenir, qui est en train de devenir un nouveau repaire des terroristes de Daech, à nos portes.

Déjà la Tunisie subit des assauts très lourds, au musée du Bardo, dans la ville de Sousse et hier à Tunis, l’attaque contre la garde présidentielle. Une nouvelle fois, je veux souligner notre solidarité à l’égard de la Tunisie et du peuple tunisien.

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