Intervention de Bruno Le Roux

Séance en hémicycle du 25 novembre 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'autorisation de la prolongation de l'engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Le Roux :

Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mes chers collègues, la question qui nous est posée est claire : autorisons-nous la prolongation de l’engagement de nos forces aériennes au-dessus du territoire de la Syrie ?

Ces derniers jours, la France a intensifié ses frappes contre Daech, notamment sur les camps de commandement et d’entraînement, à Mossoul et à Raqqa sur le territoire syrien. Il y a une semaine, le porte-avions Charles-de- Gaulle a pris position au large des côtes syriennes. Il y a deux jours maintenant, les chasseurs qu’il emportait avec lui – des avions Rafale notamment – ont mené leurs premières frappes. L’engagement du Charles-de-Gaulle permet de multiplier les rotations d’appareils dans le ciel syrien et de frapper plus vite et plus fort.

La question qui nous est posée, j’y reviens, est donc simple : autorisons-nous nos forces aériennes, engagées au sein d’une coalition internationale, à cibler et neutraliser les intérêts stratégiques de Daech ?

La réponse ne me semble faire aucun doute. Sans négliger aucune dimension de notre débat et même aucune polémique saine, je sais que ce débat et ce vote, dans les circonstances actuelles, doivent permettre de montrer au monde entier la détermination sans faille de la France dans le combat qu’elle conduit avec d’autres contre Daech.

Plusieurs raisons plaident en faveur de cette prolongation de notre engagement militaire et, je l’espère, d’un vote unanime de notre assemblée. J’en citerai trois.

La première est au coeur de notre engagement. Je l’ai dit à la tribune du Congrès, je le redis ici : Daech ne nous combat pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes. Ne nous trompons pas : nous sommes face à une organisation totalitaire, qui veut détruire notre mode de vie, abattre nos valeurs et semer la guerre civile au nom d’une idéologie, qui est celle du salafisme djihadiste.

Nous sommes face à une organisation qui emploie des techniques d’endoctrinement de type sectaire et qui veut semer le chaos, se déployant dans la peur et la terreur qu’elle inspire et qu’elle organise. Nous sommes face à une organisation qui hait ce que nous sommes, qui hait nos valeurs, qui hait notre diversité. N’oublions jamais cela ! Ne cultivons pas l’illusion que si la France restait chez elle, que si la France ne s’occupait pas des affaires du monde, que si la France, en définitive, n’était pas la France, alors Daech nous laisserait en paix. C’est se tromper d’ennemi que de penser ainsi. C’est tromper nos compatriotes que de continuer à l’affirmer. Ne pas mener ce combat serait, pour paraphraser Churchill, avoir et le déshonneur et la guerre.

Mes chers collègues, nous en avons tous conscience : la guerre ne résoudra pas tout, mais sans la guerre contre Daech, rien ne pourra être résolu.

L’histoire, et singulièrement notre histoire européenne, nous a appris que face aux idéologies totalitaires, il ne fallait pas hésiter, différer, tergiverser, car si l’on hésite, si l’on diffère, si l’on tergiverse, il est toujours un peu trop tard.

La deuxième raison qui me conduit à plaider pour un vote unanime est la cohérence de notre action dans la lutte contre le terrorisme international. La France ne s’est pas dérobée. Jamais. Depuis le début du quinquennat, notre pays a su prendre ses responsabilités pour combattre le terrorisme, quel que soit le nom qu’il porte – Daech, AQMI, Boko Haram ou d’autres. La France engage des moyens importants, elle se déploie sur différents continents.

Je reviens un moment sur l’opération Serval. Nous l’avons engagée dès janvier 2013 pour venir en aide à nos amis maliens et stopper la progression des troupes d’Al-Qaida au Maghreb islamique. Rappelons-nous : le pays était occupé par les troupes d’AQMI, qui s’apprêtaient à en prendre le contrôle total. Nous les avons fait reculer, ils ont perdu leurs positions, ils ont perdu le contrôle du pays, et la vie démocratique de celui-ci a pu reprendre ses droits, même si, bien sûr, il existe encore des réseaux extrémistes.

Le Mali nous montre, mes chers collègues, que la détermination et l’engagement peuvent, et doivent, l’emporter sur le terrorisme. C’est ce qu’ont montré nos soldats par l’opération Barkhane, toujours en cours, par l’opération Chammal et par toutes les autres opérations auxquelles ils participent. Je veux saluer, ici, à mon tour, leur engagement, les remercier et les féliciter pour les résultats qu’ils obtiennent et le courage dont ils font preuve.

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