Nous avons adapté une première fois cette programmation cette année pour renforcer notre effort de défense, en permettant des recrutements supplémentaires et en prévoyant une hausse des crédits destinés aux matériels et à leur entretien.
Nous avons voté la loi relative au renseignement, ainsi que la proposition de loi sur les mesures de surveillance internationale. Les terribles épreuves que nous venons de traverser éclairent d’un jour singulier certaines des critiques qu’inspiraient ces deux textes. Mais les Français, dans leur sagesse, ne s’y sont pas trompés.
Nous avions aussi averti inlassablement nos partenaires et alliés de l’ampleur croissante de la menace. Nous continuons à avertir sur l’extension des risques, notamment en Libye, c’est-à-dire à nos portes, sans grand succès, il faut bien le dire, jusqu’à il y a peu de temps, si l’on considère le désintérêt européen pour les questions de défense et de sécurité.
Les grands chefs sont ceux qui rassemblent. C’est ce que fait le Président de la République en agissant pour bâtir une coalition internationale qui permettra de frapper Daech en son coeur, et en sollicitant sans relâche un effort supplémentaire de nos alliés sur d’autres théâtres afin de soulager nos forces. Je leur rends un hommage particulièrement appuyé. Leur taux d’engagement a clairement atteint ses limites, mais je sais qu’ils accompliront la mission qui leur est confiée sans se plaindre.
Car voici le dernier point sur lequel je me permets d’insister une nouvelle fois. Nous saluons souvent la capacité de nos armées à tirer le meilleur de ce dont elles disposent et nous louons la fameuse rusticité du soldat français. Mais, ne nous le cachons pas, nous avons atteint les limites de l’exercice. Il est temps que l’Europe se réveille : nous ne pouvons agir seuls.
Le général Pierre de Villiers, je l’ai dit, a parlé devant la commission de la défense de la rupture stratégique à laquelle nous faisons face. En effet, ce qui nous attend est considérable. Une nouvelle fois dans son histoire, notre pays va devoir lutter durablement, à l’extérieur comme à l’intérieur, contre un seul et même ennemi fanatique et sanguinaire. Il faut en tirer toutes les conséquences, comme l’a fait le Président de la République. Le pacte de stabilité ne peut empêcher les Européens de se défendre et d’atteindre enfin les 2 % de PIB consacrés à la défense. C’est l’engagement qu’a pris le Président de la République pour notre pays.
Aujourd’hui, nous devons accélérer le renouvellement et la modernisation de nos équipements militaires – c’est acté et c’est en cours –, garantir les recrutements et le niveau de formation – 5 500 hommes viendront bientôt rejoindre nos forces –, sécuriser les emprises militaires, retrouver des marges de manoeuvre pour le fonctionnement de nos forces. Il faut aussi en finir avec les tergiversations : notre pays a besoin de réserves fortes et structurées pour faire face au défi dans la durée. Nous devrons en premier lieu faire évoluer notre législation en ce qui concerne la disponibilité des réservistes par rapport à leurs employeurs, car nous n’avons pas été assez loin en la matière.
Mes chers collègues, au moment de voter, nous mesurerons la gravité de situation. Pour toutes ces raisons, je vous appelle à voter la prolongation de l’engagement de nos forces au-dessus de la Syrie.