Intervention de Jean-François Copé

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Copé :

…notre pays est pour l'instant seul au front.

Évidemment, le soutien diplomatique est important mais c'est l'engagement opérationnel qui est déterminant en matière de lutte antiterroriste.

Même inquiétude au niveau européen. Quel constat devons-nous tirer de l'isolement préoccupant de la France ? Alors que l'élargissement se poursuit sans véritable débat avec l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne le 1er juillet, la politique européenne de sécurité semble au point mort.

Je me désole de voir que nous ne sommes accompagnés ni par l'Allemagne, ni par le Royaume-Uni, ni par l'Italie, ni par l'Espagne. Cette situation ne peut nous satisfaire. Avez-vous obtenu des assurances d'engagement militaire de nos partenaires européens, ou bien allons-nous continuer de faire tout, seuls, en prenant tous les risques et en assumant seuls les conséquences politiques, militaires et budgétaires de cette intervention ?

Qu'en est-il de l'entrée en action des troupes africaines des États membres de la CEDEAO ? Celle-ci doit intervenir au plus vite pour renforcer la légitimité de cette opération et, surtout, faire taire les critiques malintentionnées de ceux qui, tels vos alliés électoraux verts, présentent cette action comme une simple résurgence de la Françafrique.

Comprenez, monsieur le Premier ministre, que ces interrogations n'enlèvent rien au soutien que nous apportons à cette intervention. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.) Mais elles doivent permettre aux Français de mieux en cerner les contours.

Il me faut enfin dire notre très vive préoccupation au sujet de la sécurité de nos ressortissants, non seulement au Mali mais dans l'ensemble de la zone sahélienne, en Afrique de l'Ouest et au Maghreb. La protection de nos intérêts immédiats doit être prioritaire. La communauté nationale a été suffisamment éprouvée ces derniers jours.

Je veux, pour conclure, tirer la sonnette d'alarme. Que cette actualité soit une nouvelle mise en garde, monsieur le Premier ministre, pour celles et ceux qui dans votre camp veulent faire du budget de la défense nationale une variable d'ajustement budgétaire à la baisse. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

La France ne doit pas baisser la garde ! De grâce, monsieur le Premier ministre, puisque les campagnes électorales sont derrière nous, ne cédez pas à cette tentation qui se manifeste dans vos choix budgétaires et dans le cadre de la préparation du livre blanc sur la défense. Regardez comme l'idéologie est contredite par l'exigence de lucidité sur les dangers du monde d'aujourd'hui. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Monsieur le Premier ministre, si je devais résumer l'esprit qui nous anime, j'utiliserais ces mots : soutien mais vigilance, union nationale mais questionnement.

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