Intervention de Sophie Pène

Réunion du 17 novembre 2015 à 14h15
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Sophie Pène, pilote du groupe de travail du CNNum sur l'éducation et le numérique :

Quatre voies existent pour les faire revenir.

La première est une formation à l'informatique qui comporterait des approches artistiques et créatives. D'où notre proposition d'un baccalauréat « humanités numériques », s'adressant essentiellement aux littéraires, avec des enseignements sur le design, la robotique, les objectés connectés, ce qui permettrait d'attirer davantage de filles.

La seconde est de mettre à profit la culture hacker, où se retrouvent beaucoup de filles. Un grand nombre de filles bricolent, fabriquent, font du design, aiment les cursus alternatifs. Dans les fabLabs, la société est un peu plus mixte que dans les licences informatiques.

La troisième voie est celle du jeu, en dépit de la représentation de la femme dans les jeux vidéo. Il faut savoir que les filles sont des joueuses, aiment les jeux – vous vous souvenez de la polémique très violente à la suite de la dénonciation du sexisme chez les geeks par la gameuse Mar_Lard. Dans les clubs de conception de serious games, les filles sont autant intéressées que les garçons.

La quatrième voie est de se doter de formateurs spécifiques pour approcher les filles. Un grand nombre d'expérimentations existent aux États-Unis, comme celles de l'association « Girls who code », qui s'appuie sur un réseau de femmes ingénieures et entrepreneuses et dont s'inspire Simplon.co pour favoriser l'empowerment féminin par la culture du code. Des dispositifs existent en France, comme la Grande École du Numérique ou encore le programme d'investissement d'avenir dédié à la culture de l'innovation et de l'entreprenariat, qui intègrent des approches ciblées sur les filles. Je pense au projet de la Ligue de l'enseignement, aux Déclics du numérique, au projet de l'INRIA, à Bibliothèque sans frontières, aux Magic makers, etc.

Dans ce contexte, la réponse du ministère de l'Éducation nationale, dont la vision de l'informatique est restée bloquée sur l'éducation aux médias, ne nous a pas totalement satisfaites. Le dogme du ministère est en effet l'éducation aux médias, vision portée par le réseau Canopé et le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (CLEMI) et selon laquelle Internet reste essentiellement un texte, tandis que le jugement a surtout une fonction d'objectivation de l'information, ainsi que de filtre critique sur une information par essence hétérogène et dangereuse. Cette vision éducative, relativement défensive, a certes un intérêt, mais ce n'est pas l'éducation aux médias qui peut saisir en profondeur les phénomènes d'embrigadement. Par contre, nous avons regretté que la formation technique soit considérée comme désuète et portée par le fameux lobby informatique. L'Éducation nationale ne voudrait pas être perçue comme pourvoyeuse de développeurs, sa vision étant plus large.

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