Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mes chers collègues, le débat d'aujourd'hui est issu d'une disposition constitutionnelle, inscrite à l'article 35 de notre Constitution. Mais ce débat est surtout une nécessité politique, pour permettre à notre démocratie d'affronter avec toute la force nécessaire cette épreuve qu'est une intervention militaire.
Pour faire face à cette épreuve, il importe que le consensus le plus large se forme au sein de la nation et que chacun sache conserver la hauteur qui permet l'expression de ce soutien. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) La protection de nos objectifs d'intervention, la stabilité de notre stratégie et le soutien à l'engagement de nos troupes sont à ce prix.
Amener le débat au Parlement, comme vous le faites aujourd'hui, contribue à renforcer l'unité nationale qui s'est formée depuis le déclenchement de l'opération Serval. Je souhaite que cette association de la représentation nationale à l'action gouvernementale se prolonge tout au long de ce conflit, au-delà des dispositions constitutionnelles, pour assurer un contrôle parlementaire régulier des opérations conduites au nom de la France. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
La nouvelle offensive des mouvements criminels qui terrorisent le Nord-Mali depuis avril 2012 et s'apprêtaient à étendre leur joug sur le sud lançait un défi à la communauté internationale. Sourde à l'avertissement adressé par le Conseil de sécurité des Nations unies à travers la résolution 2085, la nébuleuse terroriste et criminelle qui prétendait asservir le Mali a voulu tester la volonté des nations.
Le Président de la République, chef des armées, a pris la décision de répondre à l'appel de Diacounda Traoré, président de la transition malienne, à l'appel de son pays et de son peuple. L'opération Serval a été engagée pour répondre à l'urgence, préserver l'existence de l'État malien et préparer le déploiement de la MISMA, la force internationale à majorité africaine, autorisée par le Conseil de sécurité.
La décision du Président de la République repose donc sur une double légitimité : légitimité du droit international et légitimité conférée par le soutien du peuple malien. Nul ne peut ignorer qu'elle est l'aboutissement d'un long processus au cours duquel la France, le Président de la République, le ministre des affaires étrangères et notre diplomatie ont tout mis en oeuvre pour favoriser le dialogue entre les composantes de la société malienne, pour décourager les velléités belliqueuses des forces terroristes, pour rechercher une solution à la crise et pour mobiliser nos partenaires internationaux.