Cet article vise à expérimenter dans certaines grandes villes des salles de consommation à moindre risque. Face au problème de la dépendance à l’héroïne – puisque c’est de cela qu’il s’agit principalement – il convient d’éviter les jugements hâtifs et trop tranchés, car le sujet est extrêmement complexe.
Il convient de rappeler, en reprenant le titre d’un ouvrage célèbre, qu’il n’y a pas de drogués heureux. La dépendance à l’héroïne est une maladie, un fléau, contre lequel tout doit être mis en oeuvre. Notre pays dispose, pour ce faire, d’une large palette d’action, qui a d’ailleurs été efficace puisque, jusqu’à une date récente, la consommation de drogue injectable était relativement faible et stable. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale constate cependant que depuis 2002 le nombre d’overdoses est reparti à la hausse. C’est un phénomène qui coïncide avec l’apparition d’une nouvelle population de personnes toxicomanes : de jeunes errants dépourvus de tout soutien familial et institutionnel, ou des migrants, totalement démunis, en provenance notamment d’Europe de l’Est.
C’est principalement à cette population que s’adresse le nouvel instrument de prévention des risques que constituent ces salles de consommation. Il va de soi que la nécessité de ces lieux ne réjouit personne. Tout le monde, dans cet hémicycle, préférerait que ces personnes ne se droguent pas ou, à tout le moins, qu’elles le fassent dans les conditions qui permettent de ne pas ajouter l’hépatite ou le sida à la toxicomanie. C’est le rôle de ces salles de consommation, qui devraient permettre des injections dans de bonnes conditions, ou du moins dans des conditions sanitaires de qualité. Ce n’est satisfaisant pour personne – je le répète, et ce n’est pas la peine de nous diviser inutilement – mais c’est la moins mauvaise des solutions, l’autre consistant à se voiler la face devant cette réalité, aussi triste soit-elle. Pour ces raisons, je soutiendrai cette disposition.