Intervention de Hervé Morin

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Morin :

Il y avait d'autant plus urgence à intervenir que nous nous sommes hâtés un peu trop lentement. Rappelons qu'une opération militaire était envisagée depuis plusieurs mois – près d'un an. J'ai en souvenir les déclarations du ministre de la défense en août 2012 annonçant une intervention dans quelques semaines. J'ai surtout en souvenir le discours du Président de la République le 25 septembre à la tribune des Nations unies, où il évoquait un soutien aérien et logistique à une initiative africaine.

Cette déclaration aurait dû être un puissant accélérateur pour engager une action préventive rapide et éviter ainsi cette lourde intervention en haut du spectre militaire. Or, la France n'a pas présenté de plan précis aux Nations unies pour construire l'initiative. Rien de concret non plus pendant tout ce temps-là au sein de la CEDEAO. Rien non plus chez les Européens qui, pour le seul plan de formation, je vous le concède, que leur a confié l'ONU, ont rechigné et mégoté à fournir quelques dizaines de soldats.

Nous avons perdu un temps précieux en espérant un hypothétique dialogue politique alors que nous savions depuis des mois que les djihadistes ne s'arrêteraient pas dans leur marche et que les négociations avec les Touaregs n'aboutiraient pas. C'est maintenant de l'histoire ancienne mais il est bon de le rappeler pour en tirer des leçons pour le futur.

D'autres enseignements pour l'avenir me semblent évidents.

Tout d'abord, les États-Unis ne veulent plus être systématiquement les gendarmes du monde. Ils étaient en première ligne en Somalie il y a vingt ans. Ils nous laissent en première ligne au Mali même s'ils ont, comme à chaque fois, apporté un soutien militaire discret mais ô combien précieux.

Ensuite, et c'est un Européen convaincu qui le dit, l'ambition politique et diplomatique de l'Europe n'existe malheureusement toujours pas et l'Europe de la défense encore moins.

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