Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du 16 janvier 2013 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur l'engagement des forces francaises au mali et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

…qui aurait permis de fixer la position de chacun d'entre nous sur le principe même de l'intervention militaire tout en adossant à cette approbation une analyse plus subtile sans que le soupçon pèse sur les intervenants quant à la clarté de leur position.

Dans un tel débat, une première question s'impose : dans les responsabilités qui sont celles du Président de la République, aurions-nous pris la même décision ? La réponse est oui. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste.)

Mais exprimer un soutien à l'intervention militaire, ce que nous faisons, ne doit pas nous empêcher de poser toutes les questions. J'en profite pour dire, avec une certaine solennité, à quel point l'attitude de l'opposition hier, ici même, pendant l'intervention de notre collègue Danielle Auroi, ou les polémiques tout à l'heure de M. Copé sont indignes de ce débat. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

Ma collègue Barbara Pompili et moi nous sommes exprimés dès vendredi soir en tant que co-présidents du groupe écologiste, tout comme Pascal Durand, le secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts. Daniel Cohn-Bendit l'a fait hier au nom du groupe des Verts au Parlement européen. Et puisque certains parlent de l'Europe, sachez que nos collègues Verts allemands invitent le gouvernement allemand dirigé par votre amie Mme Merkel à soutenir l'intervention française. (Applaudissements sur les bancs du groupe écologiste.)

Pour les écologistes, l'union sacrée n'est pas une sorte de réflexe pavlovien. Elle est le fruit d'une analyse partagée de la situation, comme des solutions politiques qui permettront de faire de cette intervention militaire un pas vers une résolution durable et juste du conflit malien.

Ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à pareille situation. Cela avait déjà été le cas lors de l'intervention française en Libye, et beaucoup d'entre nous dans l'opposition d'alors – en tout cas les deux députés écologistes qui siégeaient déjà dans la précédente législature – avaient voté pour cet engagement, malgré les réserves exprimées sur la forme et les craintes sur les conséquences de l'intervention. Même si cela n'enlève rien à la justification de l'intervention en Libye, on voit bien aujourd'hui à quel point ces réserves étaient fondées.

Ayant dit notre compréhension et notre soutien face à une opération qui a pour but de stopper la progression des forces djihadistes islamistes vers le sud du Mali, de sauvegarder la capitale Bamako et sa population et de rétablir la souveraineté territoriale du Mali indispensable à la stabilité géopolitique dans cette région, concentrons-nous sur l'essentiel.

Notre but commun doit être de prolonger le consensus national d'aujourd'hui sur la question militaire par une position partagée sur l'avenir de la relation entre la France et le Mali et, plus largement, car c'est aussi de cela qu'il s'agit, de la relation entre la France, l'Europe et l'Afrique.

Les écologistes se sont toujours opposés à la vision héritée du passé colonial qui faisait de la France le gendarme de l'Afrique. La nouvelle majorité a clairement affiché sa volonté de mettre fin à cette relation malsaine.

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