Intervention de Jean-Marie Sermier

Séance en hémicycle du 15 janvier 2013 à 21h30
Contrat de génération — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Sermier :

Monsieur le président, mesdames, messieurs, le contrat de génération créé par cet article 1er semble être un outil séduisant, mais il manie autant la carotte que le bâton. La carotte, c'est pour les entreprises de moins de 300 salariés, qui bénéficieront d'une aide de 4 000 euros par an pour l'embauche d'un jeune en CDI et le maintien d'un senior. Le bâton, ce sont de fortes pénalités pour les entreprises de plus de 300 salariés qui n'auront pas conclu un accord en matière d'embauche de jeunes sous contrat de génération. Dès 2013, 100 000 contrats sont prévus, mais sommes-nous sûrs de leur efficacité ? Ainsi, 60 % des employeurs jugent que cette aide financière n'est pas de nature à provoquer une embauche en raison de la conjoncture. De plus, les secteurs les plus dynamiques tels que ceux des nouvelles technologies ont peu de seniors concernés par une transmission du savoir-faire. Les chiffres présentés relèvent donc plus de l'effet d'annonce que du pragmatisme. Cette communication bénéficie d'ailleurs d'un budget de 1,9 million d'euros ! En fait, le problème numéro un des jeunes est la non-qualification. Nos PME ont besoin de jeunes qui ont déjà un minimum de formation. L'une des solutions, comme cela a été maintes fois rappelé au cours de cette soirée, c'est l'apprentissage. Pour plus de 65 % des jeunes, il permet de trouver un emploi après l'obtention de leur diplôme. Or, dans mon département du Jura, le nombre des contrats d'apprentissage a chuté de cinq points entre 2011 et 2012. C'est sur l'apprentissage qu'il faut porter l'effort, ce que le contrat de génération ignore superbement.

Il ne répond pas non plus au problème des entreprises. L'outil n'est efficace que pour les métiers où la transmission du savoir-faire est centrale. C'est certes le cas des petites entreprises artisanales, mais elles ont souvent réglé leur problème bien seules ! Pire encore, selon les chiffres de la DARES, cette politique aurait un effet d'aubaine pour environ 85 000 postes, soit plus de 65 % de l'objectif que vous vous êtes fixé. Apprentissage et réformes structurelles afin de favoriser la compétitivité des entreprises auraient été plus efficaces pour créer des emplois à destination des jeunes. Le contrat de génération coûte cher et aura malheureusement bien peu de résultats.

Pour toutes ces raisons, je vous propose de voter les amendements tendant à supprimer l'article 1er de ce texte.

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