Intervention de André Chassaigne

Réunion du 25 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Je m'exprime au nom du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.

En matière de transition énergétique, l'Allemagne fait figure tantôt de modèle, tantôt d'épouvantail, tant le regard que l'on porte sur ses choix est hypothéqué par des préconceptions idéologiques. Il est d'autant plus important de soulever à ce sujet les questions de fond, comme l'ont fait les intervenants qui m'ont précédé.

Le principal enjeu est, me semble-t-il, la compatibilité entre la sortie du nucléaire, dont la date est déjà fixée, et la sortie du charbon. Pendant de longues années, en particulier de 1990 à 2005, les émissions de gaz carbonique ont très fortement baissé – essentiellement grâce à la mise aux normes des industries très polluantes de mes camarades de RDA ! Mais les émissions de gaz à effet de serre sont quasiment stabilisées depuis 2005, voire en légère hausse ces dernières années. N'y a-t-il donc pas une forme d'incompatibilité entre ces deux objectifs ?

La solution à ce problème ne pourrait-elle venir notamment de la recherche scientifique sur la capture et le stockage du gaz carbonique, et de ses applications ?

Par ailleurs, l'augmentation considérable des prix à la consommation – qui, sauf erreur, ont quasiment doublé depuis 2000 – pose inévitablement le problème de la précarité énergétique. L'électricité domestique est extrêmement chère, beaucoup plus que l'électricité à usage industriel, en particulier du fait des aides accordées à la grande industrie pour des raisons de compétitivité.

En ce qui concerne les énergies renouvelables, il faut saluer les créations d'emplois qu'elles ont permises – 400 000 si ma mémoire est bonne – et qui montrent que vous, Allemands, avez fait de leur essor un levier du développement industriel. Il semble, en revanche, que les sommes que vous avez versées, entre le revenu de la vente du kilowattheure électrique produit par les énergies renouvelables et les montants payés aux fournisseurs, soient considérables et que vous deviez amorcer une décrue. Mais, en aidant moins le photovoltaïque et l'éolien, ne risquez-vous pas de freiner le développement de ces énergies, à rebours des objectifs que vous vous êtes assignés ?

J'aimerais enfin revenir sur une question très importante, mais rarement approfondie : l'extension du réseau, qui crée indiscutablement un blocage. J'ai lu qu'il faudrait construire 1 877 kilomètres de réseau en dix ans pour satisfaire les besoins d'acheminement et de répartition de l'énergie, en particulier celle qui est produite par les éoliennes marines de grande puissance situées au Nord de l'Allemagne. Le réseau doit également être densifié. On chiffre le coût de l'extension à 60 milliards d'euros en dix ans. La part réalisée est très loin de l'objectif, avec 94 kilomètres seulement en 2013. Où en êtes-vous, et à quels moyens avez-vous recours pour aller plus loin ? Il semble que vous ayez pris, au niveau réglementaire, des décisions tendant à limiter les délais administratifs, mais les blocages sont aussi, sur le terrain, d'ordre environnemental.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion