Intervention de Denis Baupin

Réunion du 25 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

Je m'exprimerai pour ma part au nom du groupe Écologiste.

Vous n'êtes sans doute pas surpris de constater combien l'exemple allemand en matière de transition énergétique fait aujourd'hui débat en France. Je salue à mon tour le leadership de l'Allemagne s'agissant du développement des énergies renouvelables. Celui-ci a un coût, mais il permet aussi de réaliser des économies : lesquelles ? En outre, l'absence de transition énergétique a elle aussi un coût. Ainsi, la France, empêtrée dans un nucléaire vieillissant, est appelée à dépenser beaucoup pour renflouer Areva en faillite, pour financer le grand carénage des centrales vétustes et des projets de centrales dites de troisième génération qui ne fonctionnent pas. Quelle est votre analyse comparative des coûts respectifs de la transition et de la non-transition énergétique ?

Puisque Fessenheim a été évoquée, je ne peux que vous interroger à ce sujet : souhaitez-vous que l'Allemagne soit associée à la décision de fermeture ? Car si 15 % de l'électricité produite par la centrale vous est destinée, vu les vents dominants, en cas d'accident nucléaire c'est 90 % de la radioactivité qui affecterait votre territoire, d'autant que Fessenheim est construite sur la nappe phréatique la plus importante d'Europe. Du point de vue d'un pays qui a eu l'initiative de la sortie du nucléaire, ne faudrait-il pas traiter au niveau supranational pareilles décisions, puisque leurs conséquences ne s'arrêtent pas aux frontières – comme on l'a vu au moment de Tchernobyl ?

Vous avez fait allusion aux charges futures résultant du nucléaire – déchets, démantèlement. Ces questions sont en cours de discussion en Allemagne, notamment les provisions destinées à garantir que les exploitants assument comme il se doit les coûts engendrés par les installations. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la manière dont vous sécurisez ces financements ? Cela nous intéresse, car vous êtes en avance sur nous. Même si nous sortons ultérieurement du nucléaire, nous devrons gérer les déchets à très long terme. J'ai cru comprendre que cette situation vous posait même des problèmes de constitutionnalité. Qu'en est-il ?

Comme l'a dit M. André Chassaigne, la sortie du charbon est une question essentielle. Vous avez récemment décidé de fermer les centrales à charbon les plus anciennes, ou en tout cas les plus polluantes, moyennant des mécanismes d'indemnisation des exploitants. Pouvez-vous nous éclairer sur ce dispositif, sur le rythme de fermeture prévu, et, plus généralement, sur la stratégie de votre gouvernement en la matière ?

S'agissant enfin de la maîtrise de l'énergie dans le domaine des transports, nous avons créé, à la suite du scandale Volkswagen – qui, à mon sens, n'est pas spécifiquement allemand mais concerne sans doute tous les constructeurs –, une mission parlementaire d'information sur l'avenir de la filière automobile, dont Mme Delphine Batho est la rapporteure. Dans ce cadre, nous avons auditionné hier M. Louis Schweitzer, ancien président de Renault ; à l'entendre, l'existence en Allemagne de 1 000 kilomètres d'autoroute sans limitation de vitesse aurait une influence déterminante sur la puissance des véhicules produits sur le continent, voire dans le monde. Quelques jours avant la COP21, alors que la filière automobile pose bien des problèmes et qu'il nous faut faire preuve d'efficacité énergétique dans ce secteur, ne serait-il pas temps d'adopter une limitation de vitesse qui n'a rien de liberticide et s'applique partout ailleurs en Europe ?

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