Intervention de Bernd Westphal

Réunion du 25 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires économiques

Bernd Westphal, membre du groupe parlementaire SPD :

Merci beaucoup de me permettre de prendre part à ce débat essentiel. Je suis très heureux de ce dialogue approfondi avec nos collègues français, auxquels nous unissent des liens d'amitié d'ordre politique, mais aussi personnel.

La visée de notre politique énergétique est triple : l'énergie doit être sûre, propre et abordable. Ce qui suppose que nous déterminions nos objectifs, puis que nous commencions de les mettre en oeuvre.

Dans le monde, on s'intéresse beaucoup à ce qui se fait en Allemagne ; des délégations étrangères viennent nous poser des questions à ce sujet. On nous demande s'il n'est pas dangereux de sortir du nucléaire pour un pays très industrialisé comme le nôtre et compte tenu de nos objectifs très ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2. On nous interroge aussi sur le rôle des énergies renouvelables.

À nos yeux, pour les générations futures, il est important que la production énergétique ne dépende ni du nucléaire, ni des énergies fossiles. Notre décision d'abandonner l'énergie nucléaire d'ici à 2022 est irréversible. Elle a suscité un très large consensus au sein des partis politiques représentés au Bundestag.

Vous nous interrogez sur le charbon. Il est vrai que nous avons encore besoin jusqu'en 2040 ou 2050 d'un système permettant d'assurer la transition vers une énergie entièrement renouvelable. Nous continuons donc d'utiliser le charbon et le gaz.

Le problème est que notre industrie paie très cher son électricité : le prix du kilowattheure est de 15 centimes d'euro pour les clients industriels, contre 10 centimes seulement en France, et de 34 centimes pour les ménages, contre 20 centimes chez vous. C'est un problème pour la compétitivité allemande et pour les investissements. Ainsi, les investissements dans l'industrie chimique s'orientent vers l'Amérique du Nord où l'on exploite facilement le gaz de schiste.

Quant aux coûts environnementaux, nous ne savons pas encore combien coûtera le retraitement des déchets nucléaires, et cela posera un problème tant que cet élément ne sera pas chiffré ni intégré dans nos calculs. L'on ne tient pas compte de cet aspect quand on dit que l'énergie nucléaire est propre. De même, le charbon est une énergie bon marché, la moins chère sur le marché international, mais n'oublions pas le coût réel des émissions de CO2. Le marché des émissions en Europe ne fonctionne pas vraiment ; on autorise trop facilement ses acteurs à adapter les règles.

Nous espérons vraiment que la COP21, qui débute la semaine prochaine à Paris, permettra d'envoyer un signal en ce sens et facilitera l'adoption d'objectifs globaux et contraignants. Il serait très problématique pour les pays européens, notamment pour leur compétitivité, que la Chine ou les États-Unis n'adhèrent pas aux objectifs de protection du climat.

Quant à l'influence des vents de la Ruhr sur la pollution à Paris, tout dépend du sens du vent ! Sérieusement, je vous conseille de visiter la Ruhr : vous verrez que la région a bien changé depuis quarante ans, depuis l'époque où l'air y était pollué par le charbon et le gaz. Évidemment, nous avons encore beaucoup à faire, et nous devrons adopter des technologies innovantes pour réduire les émissions. Mais cela ne peut pas être la production industrielle dans la Ruhr qui explique la pollution à Paris. Vous êtes sûr que ce n'est pas plutôt Volkswagen ? (Sourires.)

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