Intervention de Frédéric Dionnet

Réunion du 25 novembre 2015 à 11h30
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Frédéric Dionnet, directeur général du Centre d'étude et de recherche en aérothermique et moteurs :

Je vous dirai dans un premier temps ce qu'est le CERTAM. Vous avez rappelé qu'il a été créé il y a vingt-cinq ans à l'initiative du CNRS et du ministère de la recherche et de la technologie, avec le soutien de la région Haute-Normandie. Il s'agissait de monter un centre de recherches technologiques plus appliquées que les recherches fondamentales en combustion conduites par le CNRS dans la région de Rouen. Dans ce cadre, nous avons développé de nouvelles techniques d'évaluation des émissions, qui vont au-delà des mesures physico-chimiques classiques des polluants réglementés – monoxyde de carbone, hydrocarbures imbrûlés, oxydes d'azote et particules en nombre et en masse. Le partenariat noué il y a plus de dix ans avec l'Inserm nous a conduits à mettre au point un système d'évaluation biologique des émissions.

C'est que la combustion, phénomène éminemment complexe, implique des centaines de réactions d'espèces chimiques qui se font concurrence et émettent non seulement les polluants réglementés déjà cités mais des centaines d'autres espèces, non toujours prévisibles, qui peuvent avoir des effets divers sur la santé humaine. Au terme de discussions avec M. Jean-Paul Morin, scientifique à l'Inserm, il nous a paru intéressant de déterminer le potentiel toxique de ces émissions pour la santé humaine, et nous en sommes venus à développer un système d'exposition in vitro directe d'échantillons biologiques – des tranches de poumon animal en culture organotypique – à des émissions moteur. Nous sommes les seuls au monde à avoir conjugué des équipes de physiciens et de biologistes pour étudier ce phénomène à la croisée des sciences. C'est la grande originalité de notre centre de recherches.

Le CERTAM a aussi développé des compétences relatives à l'évaluation des émissions de polluants tant « classiques » que non encore réglementés. Il nous fallait affiner les mesures pour apprécier comment remédier à ces pollutions et permettre aux industriels chargés de réduire ces émissions d'y travailler.

Notre structure est légère mais nous faisons partie d'un réseau au maillage serré. Nous travaillons avec l'Institut Carnot « Énergie et systèmes de propulsion », dont les recherches fondamentales nous permettent le ressourcement nécessaire à la mise au point de nouvelles technologies et métrologies. Participer au pôle de compétitivité Mov'eo a renforcé nos liens avec l'industrie ; c'est indispensable, car nous ne saurions exercer notre métier sans travailler pour les industriels de l'automobile. Pour rester pertinents, nous ne pouvons demeurer dans un univers strictement universitaire : nous devons suivre les évolutions technologiques, voire participer à leur développement. S'il en était autrement, nous accuserions très vite un retard de cinq ou dix ans. Enfin, parce que nous sommes une structure privée d'une trentaine de salariés, nous vivons des contrats de recherche et développement que nous remportons auprès des industriels du pétrole et de l'automobile et aussi des pouvoirs publics par le biais d'organismes tels que l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) ou l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES).

Avant qu'avec votre autorisation je reprenne la parole pour répondre à vos autres questions, Frantz Gouriou traitera des avantages et des inconvénients des filtres à particules et David Preterre de la nocivité des émissions.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion