Intervention de Frédéric Dionnet

Réunion du 25 novembre 2015 à 11h30
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Frédéric Dionnet, directeur général du Centre d'étude et de recherche en aérothermique et moteurs :

Les moteurs les plus récents en ont la capacité technique. Ensuite, si des manipulations ont lieu, cela sort de mon domaine…

Savoir quels polluants non réglementés il faudrait surveiller est une question épineuse. Cette interrogation nous a poussés il y a 15 ans de mettre au point un système permettant d'avoir une idée du potentiel de l'effet biologique des émissions sur la santé. On commence à avoir les idées plus claires et l'on sait que les polluants mis en exergue par la réglementation ne sont pas forcément les plus pertinents. Il existe de grandes familles de polluants, notamment les produits pro-oxydants, tel le NO2, qui sont susceptibles de provoquer l'oxydation des systèmes biologiques et en conséquence leur vieillissement prématuré. Cet effet est amoindri par la SCR pour les émissions des moteurs diesel et par l'une des voies de la catalyse à 3 voies pour les moteurs à essence. Mais ces post-traitements peuvent eux-mêmes entraîner la formation de substances – ainsi de l'ammoniac lors de la réduction catalytique sélective, comme vous l'avez souligné. Les dosages à opérer sont donc délicats, mais ils commencent à être bien au point ; cependant, dans les phases transitoires – quand on lève le pied ou quand on appuie sur l'accélérateur – les ajustements peuvent être imparfaits et des dégagements d'ammoniac peuvent se produire. Pour parer à ces débordements, on combine un SCR et un système réducteur de l'ammoniac résiduel, dit ASL. Cela explique le prix très élevé d'un système complet de dépollution de moteur diesel.

Au nombre des polluants non réglementés à surveiller, on citera l'acétaldéhyde et le formaldéhyde, produits que l'on rencontre de manière significative dans les émissions de certains bio-carburants. Les bio-carburants ont l'avantage que leur production crée des puits de carbone, mais leur combustion peut créer des substances de ce type. C'est encore plus vrai pour les huiles végétales. D'une manière générale, on subit des espèces chimiques produites dans la chambre de combustion et on les post-traite au mieux.

La technologie du moteur essence et à injection directe a été beaucoup travaillée il y a plusieurs années pour limiter la consommation de carburant. Les progrès technologiques réalisés depuis lors ont incité à reprendre cette voie, mais l'on se rend compte que, comme pour les technologies du diesel, cela conduit à l'émission de particules de combustion – en bien moins grand nombre qu'avec un moteur diesel, mais un peu plus que pour un moteur à essence équipé d'un filtre à particules. La question se pose donc de la nécessité d'un filtre à particules pour ce type de moteurs.

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