Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du 1er décembre 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Relations avec la turquie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Ma question s’adresse à M. le Premier ministre. Le Président de la République a engagé, il y a une dizaine de jours, une tournée diplomatique auprès de nombreux pays étrangers, alliés ou non, dont on peut dire que les fruits sont hélas maigres. Il a reçu hier 150 chefs d’État, ayant des entretiens bilatéraux avec certains d’entre eux, précisant que la crise que nous vivons serait également abordée, et pas seulement les enjeux climatiques.

Pourtant, je n’ai vu nulle part dans la presse relater un échange, soit lors d’un déplacement, soit lors d’un entretien bilatéral à Paris, avec le président turc, M. Erdogan. C’est étonnant parce que la participation de la Turquie à la lutte contre Daech est absolument indispensable si l’on veut avoir quelques chances de succès.

Or la Turquie, membre de l’OTAN, est à ce titre censée être notre alliée. Elle est membre, depuis 1996, d’une union douanière qui lui donne facilité de commerce avec l’Union européenne. Elle aspire à devenir membre de l’Union européenne et un accord, que l’on peut discuter, vient d’être conclu, semble-t-il, entre l’Union européenne et la Turquie ce week-end.

Mais force est de constater l’ambiguïté de la position turque. Le président Erdogan a largement ouvert les frontières turques, créant la crise migratoire la plus importante que nous connaissons depuis la Seconde guerre mondiale, mais les a tenues fermées aux Kurdes qui souhaitaient combattre Daech – nous nous souvenons tous des images de la lutte devant Kobané. Il maintient ces frontières très ouvertes, en revanche, lorsqu’il s’agit des combattants ou des volontaires qui viennent d’Europe pour rejoindre Daech, et laisse également passer, dans l’autre sens, à la fois des terroristes et du pétrole.

Monsieur le Premier ministre, il nous semble impératif qu’il y ait une clarification avec M. Erdogan de la part de la France ; vous l’appeliez vous-même de vos voeux il y a quelques jours. Les Turcs sont-ils encore nos alliés ? Sont-ils vraiment nos alliés dans ce combat contre Daech ?

1 commentaire :

Le 02/12/2015 à 13:02, laïc a dit :

Avatar par défaut

Un petit peu, mais pas complètement...

D'ailleurs voici un extrait d'article :

"1. Que gagne Daech avec le pétrole ?

Malgré un baril à moitié prix, soit aux alentours de 20 dollars actuellement », les frappes aériennes de la Coalition sur ces cibles jugées « faciles car souvent situées en plein désert » portent leurs effets. Selon Pierre Terzian, Daech est passé de 90 000 barils extraits par jour à 25 000 actuellement.

2. Où est raffiné ce pétrole ?

Daech n’a rien inventé. Ils ont repris le système de contrebande mis en place, dans les années 90, par l’ex-dictateur irakien Saddam Hussein pour contourner les sanctions internationales. Les camions étaient déjà là, les routes existaient, les raffineurs turcs étaient partants… »

« LA TURQUIE A JUSQU’ICI ÉTÉ UN ALLIÉ OBJECTIF DE DAECH »

3. Pourquoi les Turcs laissent-ils faire ?

Toujours selon Pierre Terzian, tout le monde est au courant de ce trafic, « à commencer par le gouvernement turc qui laisse faire. Il faut être clair : si la Turquie ferme hermétiquement sa frontière avec les zones occupées par Daech, l’Etat islamique s’écroule en l’espace de quelques mois faute de revenus.

La Turquie a donc été jusqu’ici un allié objectif de Daech.

Erdogan exercerait ainsi un « chantage constant » envers les Américains et les Européens, auxquels il reproche d’armer son ennemi numéro un, les Kurdes. « Les Occidentaux sont au courant de ce trafic, mais ils ont tous la trouille de la Turquie », dit l’expert."

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion