Intervention de François Rochebloine

Réunion du 23 octobre 2014 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires culturelles - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères pour l'action audiovisuelle extérieure :

Je souhaite saluer la remise en ordre de marche de France Médias Monde (FMM) qui a signé un contrat d'objectifs et de moyens ambitieux, et insister sur le travail formidable de sa présidente, Mme Marie-Christine Saragosse, et de son personnel.

Dans les années à venir, aussi bien FMM que TV5 Monde devront consolider les positions acquises dans leurs zones stratégiques et poursuivre leur développement, dans un contexte de concurrence internationale qui ne s'affaiblit pas. Rien qu'en Europe, plus de trente-deux chaînes à vocation explicitement internationale seraient diffusées, notamment la Deutsche Welle, qui aurait 90 millions d'auditeurs et de téléspectateurs chaque semaine, et BBC World Service, qui aurait une audience hebdomadaire de 192 millions de personnes.

J'insiste, comme le fera sans doute mon collègue et corapporteur Patrice Martin-Lalande, sur la nécessité de respecter la trajectoire financière prévue par le COM. À ce titre, je regrette que la loi de finances rectificative de juin dernier ait prévu une baisse de crédits à hauteur de plus de 600 000 euros, soit le mince budget qui devait être consacré à la diffusion de Radio France internationale (RFI) en bambara, en Afrique de l'Ouest. Il n'est pas normal que Voice of Americaémette en bambara au Mali, et que la France ne puisse s'y faire entendre alors même que ses forces y sont engagées.

Le retour de France Télévisions au capital de TV5 Monde ne pouvait que recevoir un écho favorable de la part de l'ensemble de nos partenaires au sein de la francophonie ; c'est donc une bonne chose. Mais il faut aussi préparer l'avenir car, comme nous le disait son directeur général, M. Yves Bigot, « qui n'avance pas recule ».

Pour 2015, le projet de loi de finances accorde 77,83 millions d'euros à TV5 Monde en dotations publiques, c'est-à-dire 76,2 millions hors taxes, soit le même montant que l'année dernière. Grâce à des chantiers d'économies très significatives, TV5 Monde se fait fort, à contributions publiques constantes de 2014 à 2016, de financer, outre les ajustements de son budget de base, l'intégralité des mesures prioritaires 2014, soit 1,85 million d'euros, et de les poursuivre en 2015. Il est toutefois peu vraisemblable que l'entreprise, à dotations constantes, puisse mettre en oeuvre en 2015 de nouveaux objectifs tels que la bascule en haute définition sur de nouvelles zones ou le lancement de nouvelles langues de sous-titrage.

Madame la ministre, permettez-moi de vous interroger sur deux projets. TV5 Monde envisage de lancer une chaîne jeunesse francophone en Afrique. Elle aura besoin d'un financement complémentaire, que la chaîne multilatérale espère recevoir d'États africains. Pourriez-vous nous éclairer sur la question ? TV5 Monde étudie par ailleurs sérieusement la création d'une nouvelle chaîne thématique consacrée à l'art de vivre à la française, notamment sous l'impulsion de notre ministre des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, qui permettrait de promouvoir l'image de la France des pays francophones, et de leurs entreprises, et d'attirer les touristes étrangers en France. La trajectoire financière prévue par le plan stratégique adopté en début d'année permettra-t-il à TV5 Monde d'atteindre ses objectifs ? Ne faudra-t-il pas renoncer à certains investissements, notamment en matière de passage à la haute définition ? Il s'agit pourtant un virage technologique que nous n'avons pas le droit de manquer.

Le rapport pour avis de la commission des affaires étrangères a fait le choix cette année de s'intéresser à la coopération audiovisuelle, en étudiant plus particulièrement notre action au Maghreb, zone stratégique pour la France, au plan culturel, certes, mais aussi économique. La coopération audiovisuelle est un puissant multiplicateur d'influence dans un contexte de très forte concurrence. J'insiste sur la nécessité absolue de pérenniser les moyens d'action tout en adaptant l'offre, en la rendant plus lisible et coordonnée, en capitalisant sur nos marques fortes, ce que font les Allemands et les Anglais dont l'action est particulièrement efficace en la matière.

Ma dernière question porte sur Canal France International (CFI), opérateur de la coopération médias du ministère des affaires étrangères depuis 1989. L'État négocie actuellement le second contrat qui définira l'ensemble des activités de CFI au regard des priorités de notre aide publique au développement. Madame la ministre, existe-t-il dans ce contrat un volet consacré à la bonne coordination de l'action de CFI avec celle des autres acteurs de notre coopération audiovisuelle – que ce soit l'Académie France Médias Monde, l'INA, ou encore nos attachés de coopération audiovisuelle ? Étant donné la contrainte budgétaire qui s'exerce sur tous, cette coordination n'est pas un luxe, c'est une nécessité, or il semble qu'elle présente quelques faiblesses.

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