Intervention de Denis Baupin

Réunion du 24 novembre 2015 à 17h00
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

J'aimerais souligner toute l'importance de votre remarque sur les mille kilomètres d'autoroutes allemandes qui déterminent la puissance du parc automobile mondial. Je dois dire que c'est assez effrayant. Effrayant en termes de pouvoir d'achat : les ménages surpaient des véhicules dimensionnés pour atteindre des vitesses élevées sur les autoroutes allemandes. Plus effrayant encore en termes d'impact climatique : s'il y a bien un domaine dans lequel on peine à réduire les émissions de gaz à effet de serre, c'est la mobilité, notamment dans notre pays. Je suis un grand défenseur des alternatives à l'automobile mais nous savons bien que dans une grande partie des territoires, la solution ne réside pas dans le transport collectif mais bien dans le modèle automobile. La consommation des véhicules, donc la puissance des moteurs, est un facteur déterminant dans la lutte contre le dérèglement climatique, y compris si l'on ne veut pas laisser à nos enfants et nos petits-enfants une planète vidée de toutes ses ressources pétrolières.

J'aimerais vous demander, vous qui avez eu de très grandes responsabilités dans l'industrie automobile et qui êtes un observateur attentif de ce secteur, s'il n'est pas temps de sortir du paradigme de la voiture à tout faire, qui prévaut depuis des décennies. Les voitures conçues pour emmener une famille en vacances ne servent, l'essentiel du temps, qu'à une seule personne. L'entreprise que vous avez dirigée a lancé la Twizy, une innovation intéressante : ce véhicule, qui n'est pas considéré comme une voiture aujourd'hui, permet d'expérimenter un autre modèle de mobilité dans les zones urbaines.

Le fait que les constructeurs aient tellement de mal aujourd'hui à respecter les normes de pollution n'est-il pas lié à ce paradigme ? Si l'on décide que les objectifs relatifs à la qualité de l'air, à la lutte contre le dérèglement climatique, à la mobilité de nos concitoyens sont à privilégier par rapport à la vitesse sur ces mille kilomètres d'autoroutes, ne serait-il pas temps de passer à autre paradigme, qui permettrait d'ailleurs peut-être de sauver la filière automobile ?

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