Intervention de Louis Schweitzer

Réunion du 24 novembre 2015 à 17h00
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement :

Comment permettre qu'il y ait plus de projets ? Il s'agit d'abord de faire en sorte que les procédures ne soient pas décourageantes. Il s'agit ensuite de mieux informer : notre notoriété est faible et nos appels à projets sont mal connus. Désormais, chaque appel à projets, document toujours un peu indigeste, est accompagné d'une page de synthèse que l'on diffuse aussi largement que possible, notamment via notre site internet. Il s'agit encore de donner aux entreprises l'envie d'investir et d'innover : beaucoup sont réticentes à la prise de risques. Il s'agit, en outre, de développer dans tous les secteurs l'excellent système mis au point dans le cadre du PIA 2 qui consiste à soutenir les entreprises dans leur croissance étape par étape : soutenir une idée par une subvention de 200 000 euros, aider à la mise au point d'un prototype en allant jusqu'à 2 millions d'euros d'avances remboursables ; puis fournir une aide en fonds propres jusqu'à 20 millions. Nous voulons éviter cette situation où les idées naissent en France et donnent lieu à des créations d'entreprises aux États-Unis ou ailleurs.

Mon expérience de l'automobile me fait dire que les chaînes flexibles ne sont pas une bonne solution au long cours pour les gros volumes, car elles induisent des surcoûts et une perte d'efficacité. Elle peut être intéressante pour les petites séries, par exemple pour la construction de V6 ou V8. Par ailleurs, la flexibilité n'est souvent que théorique : les besoins réels liés à l'innovation supposent des changements qui ne sont pas ceux qui avaient été envisagés initialement. Cela dit, nous soutenons les automatisations dans des domaines où la flexibilité est un atout. Nous aidons ainsi les projets d'usine du futur, mais dans des secteurs où l'on n'est pas, comme dans l'automobile, à 5 centimes près sur le prix d'un moteur – l'industrie automobile est toujours près de ses sous : gagner un euro par véhicule suppose un énorme effort.

Le gaz est un carburant de complément qui constitue une bonne solution dans les zones de pollution locale importante, en milieu urbain. Il suppose des contraintes techniques : taille du réservoir plus importante, conditions de remplissage plus difficiles, risques d'inflammation dans des zones sensibles comme les tunnels. Et je ne suis pas certain que le bilan CO2 soit si bon, je crois même qu'il est même un peu moins bon que le diesel, si je me souviens bien des données pour les camions aux États-Unis. Certes, la fiscalité appliquée au gaz n'est pas du tout la même que pour l'essence ou le gazole mais il n'y a pas plus de raisons théoriques de défiscaliser le gaz que n'importe quel autre hydrocarbure, à moins qu'il y ait des pénuries. Le gaz ne saurait constituer la solution de référence. Il offre une solution de complément dans les villes : il permet ainsi de dépolluer les bus plus rapidement que le diesel. Par ailleurs, il est un peu moins contraignant que l'électricité.

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